• J’aimerais te laisser tranquille, au repos dans cette terre choisie. J’aurais aimé que ta voix chaude ne serve maintenant qu’à faire éclore les jeunes pousses plus tôt au printemps, la preuve, j’étais à Entraigues il n’y a pas si longtemps et je n’ai pas souhaité faire le pèlerinage. Le repos c’est sacré!

    Pardon te t’emmerder, mais l’heure est grave, Jean. Je ne sais pas si là où tu es tu ne reçois que le Figaro comme dans les hôtels qui ne connaissent pas le débat d’idées , je ne sais pas si tu vois tout, de là haut, ou si tu n’as que les titres d’une presse vendue aux argentiers proche du pouvoir pour te tenir au parfum, mais l’heure est grave!

    Jean, écoute moi, écoute nous, écoute cette France que tu as si bien chantée, écoute la craquer, écoute la gémir, cette France qui travaille dur et rentre crevée le soir, celle qui paye et répare sans cesse les erreurs des puissants par son sang et ses petites économies , celle qui meurt au travail, qui s’abime les poumons, celle qui se blesse, qui subit les méthodes de management, celle qui s’immole devant ses collègues de bureau, celle qui se shoote aux psychotropes, celle à qui on demande sans cesse de faire des efforts alors que ses nerfs sont déjà élimés comme une maigre ficelle, celle qui se fait virer à coups de charters, celle que l’on traque comme d’autres en d’autres temps que tu as chantés, celle qu’on fait circuler à coups de circulaires, celle de ces étudiants affamés ou prostitués, celle de ces ceux-là qui savent déjà que le meilleur n’est pas pour eux, celle à qui on demande plusieurs fois par jour ses papiers, celle de ces vieux pauvres alors que leurs corps témoignent encore du labeur, celles de ces réfugiés dans leurs propre pays qui vivent dehors et à qui l’on demande par grand froid de ne pas sortir de chez eux, de cette France qui a mal aux dents, qui se réinvente le scorbut et la rougeole, cette France de bigleux trop pauvre pour changer de lunettes, cette France qui pleure quand le ticket de métro augmente, celle qui par manque de superflu arrête l’essentiel…

    Jean, rechante quelque chose je t’en prie, toi, qui en voulais à D’Ormesson de déclarer, déjà dans le Figaro, qu’un air de liberté flottait sur Saigon, entends-tu dans cette campagne mugir ce sinistre Guéant qui ose déclarer que toutes les civilisations ne se valent pas? Qui pourrait le chanter maintenant? Pas le rock français qui s’est vendu à la Première dame de France.

    Ecris nous quelque chose à la gloire de Serge Letchimy qui a osé dire devant le peuple français à quelle famille de pensée appartenait Guéant et tout ceux qui le soutiennent!

    Jean, l’huma ne se vend plus aux bouches des métro,  c’est Bolloré qui a remporté le marché avec ses  gratuits. Maintenant, pour avoir l’info juste, on fait comme les poilus de 14/18 qui ne croyaient plus la propagande, il faut remonter aux sources soi-même, il nous faut fouiller dans les blogs… Tu l’aurais chanté même chez Drucker cette presse insipide, ces journalistes fantoches qui se font mandater par l’Elysée pour avoir l’honneur de poser des questions préparées au Président, tu leurs aurais trouvé des rimes sévères et grivoises avec vendu…

    Jean, l’argent est sale, toujours, tu le sais, il est tâché entre autre du sang de ces ingénieurs français. La justice avance péniblement grâce au courage de quelques uns, et l’on ose donner des leçons de civilisation au monde…

    Jean l’Allemagne n’est plus qu’à un euro de l’heure du STO, et le chômeur est visé, insulté, soupçonné. La Hongrie retourne en arrière ses voiles noires gonflées par l’haleine fétide des renvois populistes de cette droite “décomplexée”.

    Jean, les montagnes saignent, son or blanc dégouline en torrents de boue, l’homme meurt de sa fiente carbonée et irradiée, le poulet n’est plus aux hormones mais aux antibiotiques, et nourri au maïs transgénique. Et les écologistes n’en finissent tellement pas de ne pas savoir faire de la politique. Le paysan est mort et ce n’est pas les numéros de cirque du salon de l’agriculture qui vont nous prouver le contraire. Les cowboys aussi faisaient tourner les derniers indiens dans des cirques! Le paysan est un employé de maison chargé de refaire les jardins de l’industrie agroalimentaire, on lui dit de couper il coupe, on lui dit de tuer son cheptel il le tue, on lui dit de s’endetter il s’endette, on lui dit de pulvériser il pulvérise, on lui dit de voter à droite il vote à droite… Finies les jacqueries!

    Jean, la Commune n’en finit pas de se faire massacrer chaque jour qui passe. Quand chanterons-nous “le Temps des Cerises”? Elle voulait le peuple instruit, ici et maintenant on le veut soumis, corvéable, vilipendé quand il perd son emploi, bafoué quand il veut prendre sa retraite, carencé quand il tombe malade… Ici on massacre l’Ecole laïque, on lui préfère le curé, on cherche l’excellence comme on chercherait des pépites  de hasards, on traque la délinquance dès la petite enfance mais on se moque du savoir et de la culture partagés…

    Jean, je te quitte, pardon de t’avoir derrangé, mais mon pays se perd et comme toi j’aime cette France, je l’aime ruisselante de rage et de fatigue, j’aime sa voix rauque de trop de luttes, je l’aime intransigeante, exigeante, je l’aime quand elle prend la rue ou les armes, quand elle se rend compte de son exploitation, quand elle sent la vérité comme on sent la sueur, quand elle passe les Pyrénées pour soutenir son frère ibérique, quand elle donne d’elle même pour le plus pauvre qu’elle, quand elle s’appelle en 54 par temps d’hiver, ou en 40 à l’approche de l’été. Je l’aime quand elle devient universelle, quand elle bouge avant tout le monde sans savoir si les autres suivront, quand elle ne se compare qu’à elle même et puise sa morale et ses valeurs dans le sacrifice de ses morts…

    Jean je voudrais tellement t’annoncer de bonnes nouvelles au mois de mai…

    Je t’embrasse.

     

    Ps: Il y a un copain chanteur du Président de la République, qui reprend du service dans la grande entreprise de racolage en tous genres, et qui chante à ta manière une chanson en ton honneur. N’écoute pas, c’est à gerber…

    http://philippetorreton.wordpress.com/2012/02/19/jean/


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  • Conférence d'Annie Lacroix-Riz (Professeur émérite d'histoire contemporaine, chercheuse)
    "La stratégie du choc en France, de la crise des années 1930 à celle d'aujourd'hui"Journée militante à l'hôpital Saint Vincent de Paul
    (75014) le 27 septembre 2011


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    Cri Peuple 40

     

    La Bourse de Francfort met sur le marché le 16 avril un contrat à terme sur la dette française.

    L'administration du Trésor, consultée, a donné son feu vert. Pire : l'Autorité des marchés financiers est écartée du contrôle de ces opérations. Comme si l'on voulait mettre sous tutelle de Berlin le prochain président.

     

    Les marchés financiers ont déjà bousculé la démocratie à Rome, à Madrid et à Athènes. Ils empoisonnent déjà la campagne électorale française, et ce n'est qu'un début. Marianne est en mesure de révéler que ces pressions s'organisent avec la passivité, si ce n'est la complicité, si ce n'est du pouvoir politique, du moins de l'administration du Trésor.

     


    L'histoire commence par l'ouverture lundi prochain 16 avril  d'un marché à terme sur les emprunts d'Etat français, déjà annoncé par Marianne, qui va mettre de l'huile sur le feu. Créé par Eurex, une filiale de Deutsche Börse (l'homologue allemande de la Bourse de Paris), le contrat à terme permettra à partir de lundi 16 avril de parier à la baisse ou à la baisse sur les Obligations assimilables du Trésor (OAT) 10 ans, l'emprunt phare de la France.

     


    Concrètement, n'importe qui pourra, moyennant environ 10 000 euros, miser sur une hausse ou une baisse du taux d'emprunt de la France, alors qu'avant la création de ce contrat, le ticket d'entrée s'élevait à 10 millions d'euros, la valeur d'une OAT. Grâce à l'effet-levier, on met 10 000 euros sur la table, mais on joue sur 100 000 euros, soit un levier de 10. Ce qui signifie que, par exemple, si la dette française varie d'un point, le joueur gagnera ou perdra 250 euros.

     


    Bien sûr, les partisans du marché développent toutes sortes d'arguments rationnels pour défendre ce type d'opération : les « futures », qui existent déjà pour les emprunts allemands ou italiens,  devraient permettre une meilleure liquidité (possibilité d'acheter et de vendre plus facilement) des emprunts. Actuellement les échanges sur les OAT 10 ans sont de l'ordre du milliard par jour. Cela pourrait même faire baisser les taux d'intérêts pour l'Etat français, plaident-ils. Voire, s'écrie Pascal Canfin, député européen EELV: « c'est plutôt une possibilité supplémentaire et redoutable de spéculer sur la dette, sans payer trop cher, et avec un peu de sécurité ».

     

    Jean-Luc Mélenchon, qui prédit un assaut  des marchés contre la France dès le 7 mai, dénonce, lui, à raison, « un instrument financier de chantage contre la dette de l'Etat français ».

     

    Car le calendrier pose problème. Même si  Eurex avait publié un communiqué le 24 mars pour annoncer son innovation,  l'apparition de cet outil  sept jours seulement avant le premier tour de la présidentielle est une vraie atteinte à la souveraineté nationale.


    L'information que Marianne est en mesure de révéler est que cette opération qui pourrait mettre en danger les finances publiques a été réalisée avec l'approbation des autorités françaises !

     

    Selon nos informations en effet, l'Agence France Trésor qui gère les émissions de dettes a été informée à la mi-mars des intentions d'Eurex. Si l'administration française ne peux légalement s'opposer à une initiative entièrement privée, comme l'a souligné François Baroin, le ministre des finances, dans un communiqué il ne semble pas qu'elle ait demandé à Eurex de différer l'ouverture de son « future sur OAT 10 ans » au lendemain des échéances politiques. Elle n'a pas non plus essayé de convaincre les banques spécialistes en valeur du Trésor (SVT) dont fait partie la puissante Deutsche  Bank, et qui seront les premières utilisatrices du contrat OAT, d'agir dans ce sens.


    On ne peut rien imposer à ces grands établissements mais il est d'usage dans ce monde-là de se parler et en général les banquiers évitent d d'embarrasser la puissance publique. Pourquoi le gouvernement français n'a-t-il pas agi discrètement  dans ce sens? Serait-ce pour que vérifier les prophéties catastrophistes comme celles de Denis Kessler, le patron de la Scor, de Marc Fiorentino qui annonce que « le 7 mai, les marchés attaqueront la France », et même celles de François Fillon et Alain Juppé, surtout si elle est présidée par François Hollande ?

     

    De plus, Marianne est en mesure de révéler l'énorme bourde du gouvernement : il a non seulement laissé se créer un marché dérivé de sa dette, mais il a accepté que le contrôle de ce marché stratégique lui échappe ! Car s'il y a spéculation sur la dette, ou malversation, ou simplement des doutes sur les transactions, ce n'est pas l'Autorité des marchés français (AMF) présidée par Jean-Pierre Jouyet qui sera compétente, mais son homologue allemande, la BaFin, puisque Eurex est une entreprise allemande, basée à Francfort.  Il faudra donc, pour se défendre des spéculateurs, que les autorités françaises demandent la collaboration de nos amis allemands!

     

     

    La mécanique semble agencée comme si on avait voulu faire en sorte que le « prochain » président qui affiche sa volonté de faire en sorte que « la démocratie soit plus forte que les marchés » soit privé de tout pouvoir et placé sous tutelle dès le premier jour. Cette perte de souveraineté explique sans aucun doute les critiques acerbes prononcées par Jean-Pierre Jouyet. « Ce n'est pas le bon signal dans le contexte actuel », a déclaré celui  qui est non seulement un ami de François Hollande mais aussi ex-directeur du Trésor à Bercy, donc l'ancien superviseur de l'agence France Trésor. Un expert, en somme.

     

    Marianne 2


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  •  Le Front de Gauche du bassin creusotin organise une écoute collective

    Le 19 Avril 2012 à 19 heures

    Salle St Exupéry - Espace Guynemer.

     

    FRONT DE GAUCHE : ECOUTE COLLECTIVE

     www.placeaupeuple2012.fr

     

    FRONT DE GAUCHE : ECOUTE COLLECTIVE 
     

    La retransmission en direct du meeting de

     

    Jean-Luc MELENCHON 

     

    à Paris Porte de Versailles

     

    sera suivie d’un débat sur le programme du Front de Gauche en présence des Candidats aux élections législatives :

     

    Serge DESBROSSES candidat titulaire

     

    Sylvie LEFEVRE candidate suppléante

    Rendez-vous Porte de Versailles

     

    par Jean-Luc Mélenchon

    Ceci est une note rapide rédigée dans la salle d’attente du retour de Pau sur Paris puis dans l’avion du retour. Je ne remets pas à demain de publier aussitôt. Il sera question de ce que j’ai compris de cette paire de jours cruciaux dans la campagne. Gloire à Marseille, bides à Paris. Puis, je dis un mot de mon passage à Pau, et des raisons qui m’empêchent d’être présent à l’hommage rendu à Raymond Aubrac, retenu que je suis par des obsèques plus intimes où le devoir d’affection m’appelle. Si besoin est et si j’en trouve le temps, j’allongerai cette note dans les prochaines heures et jours.

    De Marseille je ne dis rien car tout a été dit, filmé, écrit de tous côtés. Vous savez à quoi vous en tenir. L’onde de choc va se propager dans les couches profondes de l’opinion toute la semaine. La force ira à la force de façon moléculaire mais constante. Je guette le moment où le Front de Gauche accomplira sa mue prévisible en Front du peuple. Les urnes vont être une étape cruciale. Le bilan de cette fin d’avant-dernière semaine est excellent pour nous. Les rassemblements de notre concurrent et de notre adversaire qui devaient assécher notre performance marseillaise et relancer leur action pour les derniers jours n’ont pas fonctionné.

    Si c’était un match que cette simultanéité des meetings ce samedi dimanche, alors nous aurions l’avantage. Pouvais-je imaginer que ce serait à ce point ? Notre rassemblement de la plage du Prado est une cristallisation formidable et un propulseur inouï. Les deux rassemblements du lendemain, celui du Bois de Vincennes et celui de la Concorde sont des bides déflagrateurs. Je comprends parfaitement le rôle que le mauvais temps a joué dans cette situation. Mais dans la mesure où les uns étaient mis publiquement et ostensiblement en concurrence avec les autres, l’incapacité à vaincre les hantises du mauvais temps sont un indicateur de froid qui n’a rien de météorologique. J’en suis d’autant plus certain que, placés dans des conditions plus rudes quant au froid et à la pluie, nous avons submergé la place royale à Pau. Nous confirmons notre ancrage et nous nous donnons de l’élan. Ils peuvent au mieux stabiliser leurs positions. Les gesticulations sur la très, très, grande scène centrale du château de Vincennes annonçant cent dix mille personnes sur une place qui n’en peut contenir davantage que 70 000 bien tassés étaient si énormes que le public présent se sentait lui-même gêné. Surtout que la place était à moitié vide. Quoi qu’il ait annoncé son intention de faire un retour au festif, cette partie manquée ne change rien pour le candidat socialiste. Hollande est candidat à être président par défaut. L’enthousiasme l’encombrerait comme une promesse impossible à tenir. Il n’a donc pris aucun risque, plus plat que jamais. Des gens quittèrent donc la place alors même qu’il dévidait encore son filet d’eau tiède. Peu lui chaut ! Il n’est là pour les mobiliser à rien d’autre qu’à faire les machines à « voter-utile ». La situation de cette place glaciale et sans enthousiasme, régulièrement appelée à applaudir tel ou tel notable de Paris ou de province fonctionne comme un résumé du récit que cette nomenclature propose d’elle-même en tant qu’idéal de vie. Il n’y a pas de décalage entre ce qui est donné à voir et ce qui est proposé. Il en va tout autrement en ce qui concerne Sarkozy. L’affaire est plus grave. Les apparatchiks du parti ont déjà désenbossé les canots de sauvetage. La marée annoncée par le chef, un fondamental de la droite française, n’a pas eu lieu. Elle lui était pourtant indispensable. Une semaine avant le vote, les mouches vont donc changer d’ânes. L’éparpillement de la droite pourrait bien livrer le deuxième tour dans un fauteuil en velours à François Hollande. Mais qui sera alors le second ?

    La semaine qui vient va beaucoup faire tanguer. C’est la zone des très grands rapides. L’espace-temps politique va devenir hautement communiquant. Rumeurs et bobards se déplaceront à la vitesse des virus sur la toile. Mais aussi les arguments qui touchent au but. L’espace temps subit une très grande tension en ce moment. Nicolas Sarkozy, nous dit-on, semble dévisser dans les sondages. Sa défaite paraît certaine. Dès lors l’univers politique se déforme et bien des choses peuvent se produire. Le bide des meetings de ce dimanche accentue la volatilité du champ politique, je le répète. Nous sommes donc mobilisés : notre rendez-vous du 19 avril Porte de Versailles prend un sens et une portée augmentée. C’est le message de force qu’il faut délivrer avant le vote pour faire le sans faute qui est nécessaire avant le verdict populaire. Nous sommes capables de recevoir un formidable coup de booster.

    Les provocations contre nous vont donc se multiplier, cela ne fait aucun doute. Il suffit de voir comment la propagande de l’extrême-droite a été relayée par le « Nouvel Observateur » et « L’Express » pour se faire une idée du niveau de violence disponible contre nous. Bien sûr nous rendrons les coups comme nous l’avons toujours fait. La pente générale des derniers convertis au prochain pouvoir et des intriguants qui en attendent des postes est de nous nier, de nier notre premier tour et donc les chances pour nous qui vont avec. Ainsi de l’épisode de ma possible candidature aux élections législatives. Autre manière de reprendre le même petit concert qui voudrait tellement faire de ma candidature un simple et inoffensif témoignage. C’est sûr : c’est déjà mieux que l’invention d’après laquelle je « prépare 2017 » inventée par mes chers « biographes ». L’un d’entre eux a jeté le masque en venant faire à Marseille un reportage sur les participants à notre meeting de la plage du Prado « tentés par le vote utile pour François Hollande ». Wee ! Une tournée de la part d’Hollande ! Il aurait plutôt dû cuver en faisant un reportage sur ceux qui croyaient aux soucoupes volantes parmi ces gens. Il aurait ainsi révélé notre conjonction secrète avec le plan de Cheminade pour « terraformer » Mars. Plus sérieusement, tenez-vous prêts à riposter dans vos réseaux, en évitant de propager les fausses nouvelles et en assurant le calme et le sang-froid de l’argumentation en toutes circonstances.

    A Pau, il pleuvait à gros seaux quand je suis arrivé sous la petite tente où j’attendais mon tour de parler en écoutant Olivier Dartigolles. Bien sûr, la pluie s’est arrêtée quand je suis monté sur cette scène plantée devant la statue d’Henri IV. Je dis : « bien sûr » car j’ai pris l’habitude de voir le temps s’accommoder à nos horaires. J’ai dit d’abord, comme pour plaisanter, que c’était les forces de l’esprit. Je finis par croire que le syndicat des nuages est de notre côté ! N’empêche que ce devait être un pique-nique mais on comprend qu’il n’en fut rien du fait des intempéries. Encore une fois une affluence historique sur cette place elle-même historique. Un beau et fort festival d’expression culturelle avait eu lieu avant nos prises de paroles selon ce qu’on m’en a dit. Moi j’arrivais directement de l’avion et de la voiture depuis Biarritz. Possible que quelqu’un ait filmé ou enregistré ce que j’ai dit là. Il y fut question d’émancipation et du goût de la liberté. De la place à l’auberge qui m’accueillait, à l’aller comme au retour, j’ai franchi tout juste dix mètres. Mais quelle incroyable ambiance de chaleur humaine, si amicale, si fraternelle ! Un nombre compact de personnes de tous âges tendait les mains et criait des mots d’amitié. De tout cela je retiens une fois de plus le sentiment de la force grandissante et surtout de la joie qui se dégage de notre rassemblement. Les gens arrivent et repartent avec le sourire. Et moi aussi quand bien même suis-je par moment épuisé par cette sorte d’avidité photographique dont je fais l’objet et qui me rend moins disponible pour rendre les sourires aux amis inconnus qui m’en font.

    Ce lundi matin il fallait choisir où je serai. On m’attend à l’hommage pour Raymond Aubrac. Mais à la même heure se déroule la crémation d’un ami très cher. Je serai avec la famille de mon ami. Et les amis de l’ami. Dans ce moment-là nous sommes ces pauvres diables qui se serrent sous la pluie froide sous le même parapluie. Je veux y tenir ma place et y apporter ma part de chaleur. Nous autres de la région parisienne, nous avons vécu venant de tous côtés. Nos amis de longue date sont alors notre famille choisie. Ces liens là sont aussi forts que ceux de la nature. Et parfois davantage. En ce qui concerne Aubrac je crois que j’ai pris la part que je devais prendre. J’ai fait vivre son exemple et sa mémoire sur la plage du Prado. A Marseille dont il a été le préfet à la Libération. J’ai rappelé ses réquisitions d’entreprise qui ont permis au port phocéen de reprendre ses activités au moment crucial ou le pays en avait besoin. Et je suis certain qu’avec notre cri de ralliement mille fois répété au cours de cette campagne, résistance, nous nous sommes tous montrés dignes de ce qu’il pouvait nous apprendre.

    Un qui m’en aura appris, c’est celui que je pleure. C’est un cancer qui l’a emporté. Ceux qui mènent ce combat là nous en apprennent toujours. Un grand nombre en sortent victorieux, heureusement. Ils ne sont plus jamais les mêmes ensuite, j’ai eu maintes occasions de le constater. Mais lui a fait plus fort que tout ce que j’avais vécu. Je suis allé le voir il y a une quinzaine. Il a voulu faire un tour dans le parc de la clinique. Lui dans un fauteuil roulant, nous, trois de ses vieux copains. Et sa fille qui est comme la nôtre. Une jeune femme déterminée qui a les yeux humides tandis que son père décide qu’on va parler de sa mort. Je lui dis qu’on pourrait parler d’autres choses. Je donne comme argument que sa fille est là et que nous allons la faire souffrir. Elle dit qu’elle n’a pas besoin de précautions parce qu’il a déjà eu cette conversation avec elle plusieurs fois déjà. Encore une personne jeune qui en sait davantage que moi sur la vie, je le vois bien et je ne le sais que trop, connaissant sa vie. Lui prend cet air ferme qui est notre façon codée de dire sans élever la voix que c’est une décision qui ne se discute pas. Il dit : « Non, on va en parler, sinon on n’en parle jamais ». « Il faut en parler justement avec ceux pour qui ça va compter ». Je passe le reste. Il n’appartient qu’à nous. Il voulait aussi l’adresse de l’association pour le droit de mourir dans la dignité. Le lendemain je devais y aller parler. Mon discours fut comme une suite donnée à cette conversation dont je devinais qu’elle serait la dernière entre nous, de cette façon là. Lui nous a dit : « Je n’ai pas peur ». Cette certitude exigeante, ces mots si fermes sont à présent plantés dans mon esprit comme un dépôt pour le moment qui viendra forcément un jour. Nous, ses vieux copains, nous avons délibéré et nous concluons comme la sagesse stoïcienne et épicurienne le signale. La mort est une expérience que font les témoins et non celui qui en est le sujet. Pour celui qui va mourir la mort n’existe que comme peur de la mort. Qui a vaincu la peur de la mort a vaincu la mort elle-même. Les grandes peurs périssent d’être reconnues dit Camus. J’ai vu cette fois-ci que cela pouvait être vrai de la plus grande d’entre elle puisque c’est la dernière que l’on éprouve. Les copains y sont retournés une fois encore pour une petite cérémonie tandis que moi je courrais la campagne électorale. Lui suivait cette campagne comme jamais. Les copains ont chanté l’internationale avec lui dans la chambre de la clinique. Il est passé le poing levé.

     


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  • l-echo

    A peine la campagne officiellement lancée, les candidats Hollande et Sarkozy ont mis sur la table la question du permis de conduire. Si le thème de la conduite est digne d’intérêt et reste populaire, on peut toutefois s’interroger sur la tournure que prendra le débat électoral ces deux prochaines semaines. Car au vu des problèmes que rencontrent les Français, entre un pouvoir d’achat en berne, un taux de chômage alarmant, une prévision de croissance quasi-nulle et d’indéniables tensions sociales, l’électorat était en droit d’attendre autre chose de  la part de ceux qui se voient déjà au second tour. Et il y a une telle urgence à prendre à bras-le-corps ces dysfonctionnements que consacrer une journée entière à un tel sujet relève même du mépris.
    En réalité, il s’agit d’une technique d’une simplicité enfantine. Il reste très peu de temps avant l’échéance du premier tour. Opposés, ces deux candidats ont pourtant un intérêt commun à faire tomber un rideau de fumée sur ce qui provoque la souffrance du peuple. Nicolas Sarkozy, en tant que principal responsable du triste état des lieux, espère faire oublier son bilan calamiteux et va alterner mirages de campagne et formules trempées dans le poison de l’extrême-droite. Quant à François Hollande, donner sa position sur le permis de conduire relègue au second plan la cure d’austérité qu’il compte bien nous faire suivre en cas de victoire. Le constat serait tout à fait déprimant s’il n’existait pas un autre espoir à gauche.

    Economie, société, éducation, emploi, logement, lutte contre la pauvreté et les discriminations... Sur chacun de ces points, le programme du Front de gauche vise à améliorer la vie des Français. C’est clairement ce qui rejaillit du discours de son candidat Jean-Luc Mélenchon. C’est aussi ce qui explique que ses meetings soient systématiquement bondés.

     

    Mickaëlle JOUAULT

    Editorial de L'ECHO de la Haute-Vienne

    Mardi 10 Avril 2012

     


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