• Rassembler pour assurer et garantir une politique de changement à gauche

    L’élection de François Hollande à la présidence de la République ouvre une nouvelle période politique et représente un espoir. A l’annonce du résultat, ce qui a été le plus fortement ressenti, c’est un soulagement, la fin d’une tension qui était devenue insupportable, après cinq années dont il ne faudra jamais oublier – pour ne pas avoir à le revivre - combien elles furent, pour notre pays et notre peuple, pour l’image de la France dans le monde, une période des plus sombres.

    Par sa brutalité, son mépris, par la dureté des coups portés au monde du travail, par des régressions sociales et démocratiques d’un niveau rarement atteint dans l’histoire de notre République, par un véritable acharnement à diviser, à blesser, à stigmatiser, par un climat de haine et de suspicion qui a si durement mis à mal nos belles valeurs républicaines, par un abaissement moral dont l’entre deux tour de l’élection présidentielle a donné une ultime et sidérante illustration, le Sarkozysme a défiguré notre pays. Sans la moindre condition, il fallait s’en débarrasser.

    Cela a été possible et réalisé par une dynamique de rassemblement à gauche. Dès dimanche soir, la bataille politique et idéologique portant sur l’analyse et l’interprétation des résultats a été lancée. Il en a été de même après le premier tour. Il ne faut pas la sous estimer car elle conditionne, pour partie, le climat dans lequel s’engage la campagne des législatives. Face aux opérations d’enfumage, qui consistent notamment à contester l’ancrage à gauche des préoccupations et des attentes d’une majorité des électrices et des électeurs, il nous faut répondre en répétant une chose simple, incontestable à la lecture des résultats et des enquêtes post-électorales : sans le Front de gauche, sans l’émergence d’une force politique nouvelle, unitaire, indépendante et autonome, sans les 4 millions de suffrages obtenus par notre candidat commun, Jean-Luc Mélenchon, sans la magnifique campagne marquée par une irruption citoyenne et populaire qui a été très largement reconnue comme l’événement marquant de cette élection présidentielle, sans les propositions de notre programme, l’Humain d’abord – mot d’ordre que le peuple de la Bastille dimanche soir a accroché à son cœur pour fêter la victoire -, sans notre engagement clair et déterminé entre les deux tours, nous serions aujourd’hui à attendre la composition du premier gouvernement du second quinquennat de Nicolas Sarkozy. Il faut aussi rendre hommage au mouvement social, aux syndicalistes, aux militants du mouvement associatif, qui ont participé, souvent avec beaucoup de courage, à la mobilisation pour résister pendant cinq longues années et gagner.

    Dès dimanche soir, Pierre Laurent a exprimé la joie des communistes qui ont combattu sans relâche Nicolas Sarkozy, sa majorité et sa politique et qui ont œuvré de toutes leurs forces à la victoire du 6 mai. Le Parti communiste souhaite, dans l’intérêt de nos concitoyens et pour que se lève une espérance à l’échelle de l’Europe, la réussite d’une majorité de gauche face à la crise, pour en sortir, face à l’urgence sociale, pour une amélioration concrète des conditions de vie.

    Si l’antisarkozysme a été le premier moteur de l’élection de François Hollande, c’est que notre peuple, avec une majorité nette et une forte participation, ne pouvait en supporter davantage. Le vote du premier comme du second tour est d’abord un vote de sanction de la politique ultralibérale, antisociale et autoritaire menée au cours des cinq dernières années. Jusqu’au dernier jour, avec la publication au Journal officiel du décret de mise en place de la TVA antisociale et de celui relatif à l’évaluation des enseignants, la majorité de droite aura accompli une bien sale besogne, qui avait pour objectif de régler définitivement son compte à notre modèle social. Les forces progressistes ne sont pas simplement aujourd’hui appelées, dans des conditions historiques bien différentes à celle de 1981 ou 1997, à un travail de reconstruction – il faudra le faire – mais bel et bien à des responsabilités et des exigences pour un nouvel élan, un projet de société répondant à une puissante aspiration au changement dans un contexte où les basculements, les mutations et les transformations sont d’une telle ampleur qu’il faut faire du neuf et pas du recyclage.

    Cette introduction à nos travaux sera essentiellement consacrée aux prochaines élections législatives. Pour en préciser le niveau d’ambition, l’orientation que nous souhaitons lui donner dans le cadre d’une campagne nationale animée avec nos partenaires du Front de gauche, pour décider d’une feuille de route et des objectifs politiques que nous nous fixons, il convient de bien partir de la réalité d’un nouveau rapport de force politique issu de l’expression du suffrage universel tout en mesurant combien l’évolution de la situation à l’échelle européenne va, de nouveau, peser très fortement. Un nouveau paysage national et européen. En allant à l’essentiel, quelle analyse peut-on faire du vote du 6 mai ? La victoire de François Hollande est nette mais il n’y a pas eu d’effondrement de la droite, avec, au final, un score aussi serré qu’en 1981. Entre les deux tours, Nicolas Sarkozy a gagné plus de 7 millions de voix. Depuis l’élection de 2007, le paysage électoral et politique a été profondément bouleversé. Durant cette période, pas moins de quatre nouvelles forces politiques sont nées avec l’ambition affichée de changer le rapport des citoyens à la politique : le Modem, le NPA, EELV et le Front de gauche.

    Aujourd’hui, au lendemain de l’élection présidentielle de 2012, il est nécessaire d’approfondir nos analyses. Je vous présente ici un rapide point d’étape sur quelques éléments marquants de l’état du paysage politique et électoral en abordant la participation électorale, le rapport droite-gauche et le Front de gauche.

    Alors que les législatives de 2007, les municipales de 2008, les cantonales de 2008 et 2011, les européennes de 2009 et les régionales de 2010, ont été marquées par les pires taux de participation de la Ve République, le 1er tour de l’élection présidentielle de 2012, sans atteindre le record de 2007, affiche une participation supérieure à celle de 2002 et de 1995. Ce résultat est d’autant plus remarquable que les médias dominants avaient annoncé un nouveau record d’abstention suite à une campagne électorale qu’ils avaient jugée décevante pour une majorité d’électrices et d’électeurs. Si nos concitoyens continuent à plébisciter le scrutin présidentiel alors que pour toutes les autres élections l’abstention ne cesse de croître, c’est probablement parce qu’ils pensent, à tort ou à raison, que seule cette élection leur permet de peser sur les choix politiques majeurs de leur pays. En rassemblant au 1er tour 43,75% des exprimés - +7,31 par rapport à 2007 - , la gauche atteint son plus haut score depuis 1988, alors que la droite -hors FN- plafonne à 38,1% -, soit moins 15% sur 2007 - ce qui la remet à son niveau de 2002. Depuis les législatives de 2007, d’élection en élection, à l’exception des Européennes de 2009, la droite est en recul.

    Dans le total de la gauche, le PS représente 65,44% des voix de gauche contre 71% en 2007. A l’inverse, le Front de gauche pèse pour 25,37% du total de la gauche, alors qu’en 2007, le PCF ne représentait que 5,3% des voix de gauche. La dynamique acquise par la gauche au 1er tour vient effectivement du Front gauche, qui s’affirme comme le moteur pour toute la gauche.

    Dans le prolongement du rapport présenté au lendemain du premier tour, notons qu’avec 11,1% des exprimés – 11,3% en métropole – le Front de gauche est à un score intermédiaire entre celui du PCF en 1995 (8,64%) et celui de 1981 (15,35%). Si la géographie des zones de force du Front de gauche correspond globalement à la carte du vote communiste, on observe des percées spectaculaires dans le Sud Ouest, en Alsace, à Paris où Jean-Luc Mélenchon dépasse le score de Georges Marchais en 1981. Selon les sondages, entre 17% et 21% des 18/24 ans, de 19% à 21% des ouvriers, de 12% à 16% des professions intermédiaires, de 12% à 15% des cadres, 21% des habitants en HLM auraient voté Front de gauche. Ces données ne peuvent que nous encourager à nous fixer de belles ambitions aux législatives, tant en termes de progressions de notre pourcentage qu’en nombre d’élus.

    Il nous faut être très attentif au processus de recomposition politique en cours. Un mot sur l’extrême droitisation de la droite. La séquence située entre le 22 avril et le 6 mai, cette course derrière le Front national jusqu’à le dépasser dans l’ignominie, n’est pas qu’un simple calcul électoral. Non, c’est un choix, une orientation bien réfléchie pour une grande partie de la classe dirigeante de la droite, comme c’est le cas dans de nombreux pays européens. Ce qui n’est pas sans provoquer un débat et des remous au sein même de cette droite. Cette orientation très droitière consiste à profiter de la crise, à créer un état de choc, de sidération, où l’écrasante majorité de celles et ceux qui sont les victimes de la crise sont si fortement brutalisés qu’ils sont les otages d’une rhétorique ultralibérale, autoritaire et populiste, bien rodée. Sortons des schémas datés qui présentent le vote FN comme un vote de colère. Certes, il peut être l’expression d’un ras le bol, la manière de pousser un cri, « je crie, mais personne ne m’entend » exprime cet oublié de la démocratie dans le livre de François Miquet-Marty dont la lecture permet de mieux comprendre les mutations à l’œuvre. Reste que l’adhésion aux idées du FN dans l’opinion publique n’a jamais été aussi élevée. Sommes-nous confrontés à une droitisation de la société ? Non, tant le désir de gauche, le souhait d’issue par la gauche, se sont exprimés par le vote à la présidentielle. Mais des idées de droite continuent à peser, à progresser dans cette même société.

    Une actualité européenne brulante

    Passons aux dimensions européennes.

    Les milieux dirigeants européens avaient inscrit depuis longtemps la date du 6 mai, second tour de l’élection présidentielle dans notre pays et scrutin législatif en Grèce, sur leur agenda.

    En France, celui qui était, aux cotés de la chancelière allemande, le principal artisan du nouveau traité budgétaire et du mécanisme européen de stabilité, est sanctionné par un peuple qui a placé les questions du pouvoir d’achat, des salaires, de l’emploi, en tête des préoccupations qui ont le plus fortement motivé le vote. A Athènes, le refus des politiques d’austérité vient de faire exploser le système politique avec une défaite spectaculaire des partis membres de la « coalition d’union nationale », notamment Nouvelle Démocratie et Pasok. L’évènement de ces élections est la fantastique progression des forces de la gauche « anti-austérité », et tout particulièrement de la coalition « Syriza », le Front de gauche grec, menée par Alexis Tsipras, qui devient la seconde force politique du pays et la première à gauche. Au nom du Parti de la gauche européenne, des communistes, Pierre Laurent a salué chaleureusement ce résultat obtenu par une offensive politique sur deux terrains : d’abord celui d’une opposition totale aux mémorandums, puis à un appel à l’unité de gauche, à son rassemblement pour construire une alternative, avec des propositions précises, pour se libérer de l’emprise des banques et marchés financiers, pour réorienter la construction européenne avec une feuille de route que nous partageons avec Syriza et Alexis Tsipras, vice-président du PGE. Malgré toutes les attaques contre la démocratie et le désespoir qui peuvent conduire au vote d’extrême droite, le message politique envoyé par le peuple grec est un véritable coup de tonnerre dans le ciel européen. Le journal l’Humanité vient de relancer la pétition de solidarité avec la résistance du peuple grec. En septembre, avec le PGE, nous engagerons la grande campagne autour de la pétition citoyenne européenne. Avant le somment européen de la fin juin, nous tiendrons à Paris un grand évènement de solidarité franco-grec organisé par le PGE et le Front de gauche avec la participation de notre camarade Alexis Tsipras.

    Il faut se préparer à une actualité européenne des plus brûlantes. Depuis une dizaine de jours, les déclarations des principaux dirigeants européens se succèdent, en cascade, non sans arrières pensées, dans une sorte de concours d’éloquence sur le thème de la croissance. La convocation d’une réunion informelle des chefs d’États et de gouvernements à Bruxelles dès le 23 mai prochain, un mois avant le sommet européen des 28 et 29 juin, est le signe d’une accélération du calendrier. Les grandes manœuvres sont engagées. Il faut s’y préparer.

    Pour aller à l’essentiel, mais ce sujet mériterait un approfondissement de notre analyse, les plans d’austérité n’ont rien réglé et de nouveau la situation est explosive avec des risques de très fortes turbulences pour la zone euro et toute l’Union européenne. Pour tous, y compris le « modèle allemand », présenté il y a six mois encore comme l’exemple à suivre, personne n’est à l’abri d’un sérieux décrochage. Pour le deuxième trimestre consécutif, c’est le risque de récession pour Berlin. Dans un récent rapport, l’Organisation internationale du travail (OIT) alerte sur l’urgence qu’il y a de sortir du piège de l’austérité, symbolisé par le pacte « Merkozy », en s’engageant dans une stratégie de croissance et d’emploi. Sans changement de politique économique ni des critères du crédit, l’injection par la BCE dans le système bancaire européen d’un total proche de 1000 milliards d’euros de liquidités a pu, un temps, calmer les marchés et la spéculation, mais sans rien bouger aux logiques d’austérité. Cette situation absolument catastrophique se développe sur fond de récession européenne. Huit économies, dont sept en zone euro, se trouvent désormais en « récession technique » (deux trimestres successifs de croissance négative du PIB) : La Belgique, le Danemark, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni. Les menaces d’une récession généralisée s’intensifient en Europe, seule région du monde à connaître une telle situation. Voilà ce qui oblige les dirigeants européens à réagir et qui explique le débat qui vient de s’ouvrir sur la croissance. N’est-il pas opportun dans un tel contexte, de prendre appui sur ce débat, tout en ne nourrissant aucune illusion particulière, pour ouvrir une brèche, notamment sur les missions de la BCE, avec la logique de briser la spirale austérité-récession. Cette question m’amène à passer à la présentation de nos objectifs politiques pour les prochaines élections législatives.

    Nos objectifs politiques pour les élections législatives des 10 et 17 juin En prolongeant et en amplifiant la dynamique du Front de gauche à l’élection présidentielle, nous engageons la bataille des législatives avec une belle ambition : une progression de notre influence, franchir une nouvelle étape dans la marche en avant du Front de gauche, avec la réélection de nos sortants et des conquêtes assurant un groupe parlementaire renforcé dont aura besoin toute la gauche.

    Préparons-nous à une bataille difficile dans un temps extrêmement court, dans un mois, c’est le premier tour. En fait, il s’agit de travailler dans deux directions, inutile de se disperser : il faut remobiliser nos électeurs après la présidentielle, renouer le fil et le contact avec eux, et gagner des électrices et des électeurs de gauche qui ont voté F. Hollande au second tour et qui veulent assurer et garantir une politique de changement à gauche avec le bulletin Front de gauche. Nous bénéficions d’un bon résultat à l’élection présidentielle avec près de 4 millions de suffrages. Sans oublier qu’un tiers des électeurs de François Hollande ont voulu assurer le coup, sensibilisés à l’argument du PS leur proposant de placer le futur président en tète des candidats du premier tour. Ils ont assuré dans les enquêtes post-électorales qu’ils auraient pu voter pour le Front de gauche. Bref, tout en mobilisant nos électrices et nos électeurs du 22 avril, nous disposons d’un espace politique bien plus large encore. La bataille sera rude. Avec une droite qui disputera la partie, avec un Front National menaçant. A gauche, le PS jouera à fond la carte consistant à donner au président les moyens de gouverner, après avoir d’ici le 17 juin pris des décrets symbolisant un changement de politique. Quels sont nos objectifs pour les prochaines élections législatives et pour la période qui s’engage ? Nous allons proposer des marqueurs clairs pour une vraie politique à gauche de changement. Il faut de très nombreux députés qui n’aient pas la moindre hésitation pour abroger les lois scélérates du quinquennat Sarkozy et des dix dernières années de droite au pouvoir. De très nombreux députés favorables au relèvement significatif du SMIC et des salaires, au retour à la retraite à 60 ans à taux plein pour tous, à la relance de l’emploi industriel et les services publics.

    Nous voulons réussir le changement à gauche. Nous voulons donner du sens à la gauche. Nous voulons faire évoluer le rapport de force au sein de la gauche pour permettre de véritables ruptures. Nous voulons qu’une prochaine majorité de gauche à l’Assemblée nationale adopte des lois portant sur les urgences sociales, écologiques et démocratiques. Notre rapport au futur gouvernement de gauche et à sa future majorité parlementaire est simple : nous voulons obtenir des résultats pour une amélioration des conditions de vie. C’est aussi ce que demandent les organisations syndicales, comme en témoigne l’appel des syndicats enseignants qui demandent au nouveau président une « réelle rupture » et ce dès la rentrée 2012.

    L’enjeu des prochaines semaines et de l’élection législative de juin consiste à laisser grande ouverte la porte du changement. A ne pas accepter un horizon rabougri. A tout faire pour qu’émergent, dans une démarche prenant appui sur le mouvement syndical et associatif, dans un processus dont le moteur doit rester l’intervention populaire et citoyenne, les solutions pour une sortie de crise.

    Pour les législatives, nous proposons une campagne nationale du Front de gauche avec une coordination nationale de la campagne, du matériel national en compléments des outils de communication élaborés à l’échelle des circonscriptions.

    La gravité de la crise et la possibilité d’une autre politique, une politique qui transforme et permet de vivre mieux, provoquent encore beaucoup de doute et de perplexité. Il n’y aura pas d’état de grâce mais un état de gravité. Est-il possible de faire autrement ? Avec quels moyens financiers, démocratiques, avec quelle politique européenne ? C’est à cela, dans le prolongement de la campagne d’éducation populaire menée lors de la présidentielle, qu’il nous faut répondre. Par des idées, des propositions, des solutions portées par le Front de gauche. Le Front de gauche a joué un rôle décisif dans l’élection de François Hollande, nous proposons aujourd’hui d’en faire de même pour aider la gauche toute entière à assurer et à réussir le changement.

    Nous avons les grands axes de propositions de notre programme « L’humain d’abord », il faut poursuivre et amplifier la mobilisation et l’engagement militant pour élargir l’audience et l’adhésion à notre programme. Donnons des traductions concrètes à ce programme en termes de propositions de loi que défendront les députés de gauche, du Front de gauche, dans la prochaine assemblée. Donnons nos priorités sur les six prochains mois. Nous bénéficions du travail réalisé par le groupe des député-e-s communistes, républicains, citoyens et Parti de gauche tout au long de la dernière législature. Un document de synthèse présente les propositions alternatives en une dizaine de fiches : emploi, salaire, pouvoir d’achat ; sécurité sociale, retraites ; finances publiques ; environnement, énergie ; industrie, agriculture ; droits, justice, sécurité ; institutions ; union européenne, international, défense ; éducation, culture ; logement. Localement, mettons sur la table les dossiers chauds. Dans les Bouches-du-Rhône, Pierre Darhéville a écrit au Président de la République en évoquant les dossiers les plus brulants de son territoire (Fralib et la SNCM jusqu’au Grand Conseil de la Mutualité et aux Roms).

    Au delà de nos batailles locales, qu’ils nous faut mettre en perspectives avec les grands axes de notre programme « L’Humain d’abord », il nous faut rentrer très précisément dans le débat sur le niveau d’ambition à gauche. Sans rien lâcher sur notre projet de société, soyons présents sur tous les terrains, y compris sur celui qui consiste à réagir aux propositions, aux premières décisions du nouveau Président de la République.

    Les questions emploi et salaire

    Je parlais de marqueurs pour une vraie politique de gauche. N’ayons pas la crainte d’entrer très précisément dans un débat de contenus qui pourrait laisser croire que nous retombons dans des schémas de type gauche plurielle avec la volonté de peser sur le PS. Non, la question se situe à un autre niveau. Des millions de gens attendent des améliorations de leurs conditions d’existence, pour eux, leur enfant. Ils veulent ne plus craindre l’avenir. Ils seront donc attentifs aux premières décisions du nouveau président de la République et de sa première équipe gouvernementale. Prenons deux illustrations : sur la politique européenne, et sur les questions d’emploi et de salaires.

    En fin de campagne, le candidat Hollande a déclaré que "l’austérité ne peut pas être une fatalité", en allant même jusqu’à déclarer qu’il œuvrerait pour la "réorientation de l’Europe pour l’emploi, pour la croissance, pour l’avenir". Cette « re-négociation » du traité ne viserait pas à mettre en cause le contenu actuel du projet de traité, mais chercherait à le « compléter » par un volet sur la « croissance ». Nous connaissons les lignes du débat avec l’Allemagne, la commission européenne et de la BCE qui ne veulent pas toucher aux missions de la BCE et refusent que soit levées les politiques d’austérité, ne parlant de politique de croissance que pour plus de « compétitivité », de « flexibilité » et de réduction des dépenses publiques. Dans un contexte où les choses s’accélèrent, comment peut-on marquer des points, obtenir des avancées ? Ne peut-on pas faire œuvre utile en aidant à faire lever les contradictions dont est porteuse aujourd’hui la ligne Hollande ? Il y a une illusion qu’il faut aider à lever : celle qui consiste à prétendre que l’on peut faire de la croissance au niveau de l’ensemble de la zone euro, tout en continuant de mettre en œuvre dans chaque pays pris isolément les orientations du pacte européen de stabilité financière et sans s’attaquer à la tutelle des marchés financiers et aux exigences de rentabilité financière contre l’emploi et la croissance réelle, alors que, pour réussir, des projets communs européens devraient être articulés avec des objectifs chiffrés et concertés de créations d’emplois. Il en va de même si l’on veut tenir sur une ambition écologique et de transition énergétique. Mais le plus grand enjeu concerne la BCE, la création monétaire et le crédit. Nous proposons d’engager le débat là-dessus sans attendre. C’est nécessaire pour aider à diffuser plus largement nos propositions, pour réagir sur le mandat de « renégociation » du Traité par F. Hollande. Et cela préparerait d’ailleurs un futur référendum, qui est pour nous un impératif démocratique, sur le traité budgétaire. Prenons maintenant les questions emploi et salaires.

    François Hollande a donné un premier rendez-vous aux syndicats et au patronat à la mi-juillet pour une conférence nationale pour la croissance et l’emploi. Il s’agira de discuter des « priorités » du quinquennat. Au cours de la campagne, le nouveau président s’est prononcé pour la suppression de la TVA sociale, un « coup de pouce » au SMIC, une augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, le blocage des prix des carburants pendant trois mois, même si M. Sapin, chargé du projet présidentiel pendant la campagne, a dit que ce blocage n’était pas opportun en l’état actuel des choses en raison de l’amorce d’une baisse des prix à la pompe, l’encadrement des loyers, une tarification progressive de l’eau de l’électricité et du gaz.

    Avec le Front de gauche, nous pouvons pousser à partir de cela en prenant appui sur les luttes dans les entreprises et sur la demande d’une forte revalorisation du SMIC, sans couper ce débat des questions relatives à l’emploi et à la formation. Il ne s’agit pas de s’en tenir à un simple relèvement du SMIC, puisque l’on propose une revalorisation de tous les salaires dans le cadre d’une conférence sur les salaires et l’emploi que F. Hollande lui-même a évoquée.

    Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité a atteint 2,8 millions fin mars en métropole (3,1 millions pour la France entière). Au total, avec ceux exerçant une activité réduite, la France compte 4,5 millions de demandeurs d’emploi (+6% en un an).

    Le nouveau gouvernement, il faut bien mesurer cela, va être très rapidement confronté à la conjoncture avec la menace d’une récession, y compris en France, la poursuite de l’aggravation du chômage, notamment chez les jeunes et les seniors, et le risque d’une explosion des licenciements après plusieurs mois de demande de rétention des « plans sociaux » par Sarkozy pour cause de campagne électorale. Dans l’immédiat des problèmes très importants vont ressurgir sur les dossiers prétendument « réglés » ou laissés en souffrance par Sarkozy : Lejaby, Fralib, Pétroplus, SNCM, Arcelor... sans parler des gros dossiers sectoriels comme celui de l’industrie automobile ou celui de la construction navale.

    Le nouveau président a proposé : des contrats de génération avec baisse des cotisations sociales patronales, des contrats d’avenir « pour faciliter l’insertion des jeunes dans l’emploi(,,) en priorité dans les quartiers populaires », 60 000 emplois dans l’éducation nationale, mais à budget constant, c’est à dire au prix de la suppression de 60 000 emplois ailleurs dans les services publics, la mise en place de « la sécurisation des parcours professionnels » , mais avec « le financement de la formation concentré sur les publics les plus fragiles, les moins formés et les chômeurs », ce qui paraît très restrictif, un « coup d’arrêt à la procédure de RGPP et à l’application mécanique du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux » et lancement, dés 2012, d’un « cycle de concertation syndicale avec les organisations de la fonction publique ».

    Là encore, on peut s’inscrire dans une bataille constructive avec notre programme, nos propositions de loi, je pense par exemple, puisqu’il est beaucoup question des jeunes, à la proposition de loi cadre, déposée en décembre dernier par Marie-George Buffet, visant à permettre aux jeunes de prendre en main leur avenir, ou encore à la sécurisation des parcours professionnels ; à un droit de veto suspensif des CE et des délégués du personnel sur les décisions de suppression d’emplois des patrons et un droit de contre-proposition ; à l’interdiction des « licenciements boursiers », particulièrement si l’entreprise qui licencie verse aussi des dividendes. Nous avons de quoi dire.

    Il est indispensable d’avancer sur l’idée de la concertation syndicale sur la fonction publique, les services publics, leurs missions au service de toute la population en mettant en avant la nécessité de faire progresser l’emploi public et pas seulement dans l’éducation nationale.

    La réforme fiscale et financière est, sans doute, l’un des enjeux les plus cruciaux et celui sur lequel les désaccords avec F. Hollande sont les plus nombreux. Nous pouvons, sur ce chantier particulièrement, nous inscrire dans une confrontation là encore positive de propositions pour faire gagner en cohérence et en efficacité les dispositions qui seront adoptées afin d’être à la hauteur des attentes populaires et des défis de la crise. On peut mettre en avant les exigences exprimées dans la tribune des économistes, soutien du Front de gauche ayant appelé à voter au second tour pour F. Hollande.

    « On compte sur vous »...

    Quand des personnes nous disent « on compte sur vous » – nous l’avons souvent entendu – ils expriment bien des choses. On compte sur vous, les communistes, le Front de gauche, pour continuer à nous donner de l’espoir. On compte sur vous pour continuer à faire du neuf à gauche et en politique avec le Front de gauche. On compte sur vous, aussi, pour prendre vos responsabilités dans la nouvelle période qui s’ouvre. Ils nous disent aussi « ne nous laissez pas tomber ». Tout cela nous place devant de grandes responsabilités. Il faut à la fois ne pas décevoir et n’alimenter aucune illusion qui pourrait très vite se retourner contre nous. Notre ambition est la mise en œuvre du programme l’Humain d’abord tout en étant présents, disponibles, sous la forme dont décideront les communistes lors d’une conférence nationale après le second tour des élections législatives, pour aider à tout ce qui pourra aller dans la bonne direction. De la composition de la future majorité de gauche à l’Assemblée nationale dépendra la qualité des lois qui y seront votées. Tout au long de sa campagne, François Hollande n’a cessé de répéter qu’il ne changera pas son programme. Mais le nouveau président est aujourd’hui face à un désir de vrai changement progressiste. Il devra en tenir compte d’une manière ou d’une autre.

    Un groupe du Front de gauche largement renforcé, en lien avec les mobilisations populaires, les luttes, les assemblées citoyennes, sera un atout déterminant. Nous visons la réélection de tous les sortants communistes, apparentés, PG et FASE, et l’augmentation de ce nombre en plaçant le candidat Front de gauche en tête de la gauche dans plusieurs dizaines de circonscriptions. Dans certaines de ces circonscriptions où le danger de triangulaire menace la gauche, nous faisons la proposition de conduire le combat au nom de toute la gauche.

    Concernant le danger FN aux prochaines législatives, nous sommes en discussion avec le PS et les Verts à propos d’une quarantaine de circonscriptions où le risque est réel d’une élimination de la gauche au premier tour. Nous serions souvent dans ces circonscriptions devant un choix tragique entre le candidat de droite et celui de la droite extrême. Nous cherchons donc à aboutir à un accord au cours de ce week-end. Nous avons la responsabilité commune de ne pas priver l’électorat de gauche de la présence d’un candidat de l’une des formations de gauche. Au cours de l’élection présidentielle, nous nous sommes sentis bien seuls dans ce combat contre le FN. C’est pourquoi, en faisant respecter la place de chaque formation, nous sommes prêts bien évidemment à prendre toutes nos responsabilités. Nos valeurs et nos combats nous placent en première ligne de cet affrontement.

    Concernant Jean-Luc Mélenchon, notre candidat commun à l’élection présidentielle, sa présence dans la bataille des législatives participera à la dynamique politique et collective. Plusieurs possibilités ont été examinées, en relation à nos fédérations. C’est le cas de Hénin-Beaumont où la gauche a rassemblé 60% des voix le 6 mai, une gauche qui a besoin de faire du neuf, mais où la présence de Marine Le Pen et de sa propagande, relayée un peu trop complaisamment encore, prétend s’approprier le vote ouvrier. Consultés par le secrétaire national du Parti, Pierre Laurent, les camarades de la circonscription et notre candidat Hervé Poly estiment que cette candidature permettrait de relever le défi pour la gauche dans le cadre d’une campagne où les questions sociales seront très présentes.

    Faire réussir la gauche

    Nous sommes candidats à faire réussir la gauche, donc à dire ce que nous croyons juste et ce qui ne va pas, à le dire avec les citoyennes et les citoyens, car la gauche ne saurait gouverner sans le peuple. Prenez le pouvoir, c’est d’autant plus d’actualité que Sarkozy est parti. Notre engagement lors de l’élection présidentielle a été clair et il a été entendu : nous ne participerons pas à un gouvernement qui n’aurait pas sur sa feuille de route une rupture avec les politiques d’austérité, une alternative de progrès aux logiques inscrites dans le nouveau traité budgétaire européen qui conduisent à l’échec. Le nouveau traité n’est pas seulement une impasse tragique pour l’Union européenne, il est aussi une camisole de force qui ne permettrait pas la mise en œuvre d’une véritable politique de gauche à l’échelle de notre pays. Sitôt passé le deuxième tour des élections législatives, nous aurons tout de suite à évaluer la nouvelle situation politique et les nouveaux rapports de forces politiques, à évaluer aussi de l’évolution des choses autour du traité budgétaire européen, à décider de notre positionnement et de nos initiatives dans ce contexte ; nous aurons également à répondre à la question d’une éventuelle participation au nouveau gouvernement que François Hollande et le premier ministre composeront au lendemain des élections législatives.

    Nous avons décidé, vous le savez, lors du dernier Conseil National, de consulter les communistes et d’organiser sur cette question une Conférence Nationale ; il est évident que cette consultation devra se tenir dans des délais très rapides, au tout début de la semaine qui suivra le deuxième tour . Le processus pourrait donc être le suivant : le Conseil National se réunira dès le lundi 18 juin au matin, de 9h30 à 13heures : il discutera et adoptera en fin de matinée une courte résolution précisant notre orientation et les premières initiatives de notre parti dans la situation politique nouvelle : cette résolution comportera une proposition précise sur la question de la participation de notre parti au gouvernement. Cette résolution adoptée sera envoyée aux fédérations dès 13heures : les fédérations organiseront sur leur territoire, le lundi 18 et le mardi 19, des assemblées générales de communistes et des conseils départementaux pour en discuter.

    La conférence Nationale se réunira le mercredi 20 de 10h à 16h 30, et pourrait être suivie d’un meeting militant.

    La conférence Nationale, pour rappel , est composée des membres du CN, des parlementaires (dont nous espérons qu’ils seront particulièrement nombreux à l’issue des législatives ) et de délégués des fédérations désignés par les conseils départementaux. Une répartition des délégués, avec leur nombre par fédération, sera envoyée dans les tous prochains jours ; les Conseils départementaux pour tenir compte des délais très courts et pour des raisons pratiques évidentes, sont invités à les désigner avant le 18 juin pour pouvoir organiser dans les meilleures conditions possibles cette conférence.

    Après les élections législatives, il nous faudra établir le bilan de la séquence électorale tout en réfléchissant à la manière de donner un nouvel élan au Front de gauche, une nouvelle feuille de route avec des objectifs précis, un haut niveau d’ambition tant sur les contenus de nos batailles politiques que sur notre conception du rassemblement, des mobilisations. Une chose est sûre, nous avons tout à gagner à ne pas nous fixer des plafonds, des limites. Tout à gagner à ne pas renvoyer à plus tard ce qui doit nous mobiliser dès à présent. Tout à gagner « à aller à l’idéal et de comprendre le réel », selon la belle formule de Jaurès. Tout à gagner pour les élections législatives du mois prochain en étant les plus rassembleurs pour assurer et garantir à la gauche les moyens de réussir le changement. A toutes et tous, bonne campagne.


    votre commentaire
  • Pierre Laurent meeting MarseilleEn élisant aujourd'hui 6 mai, François Hollande président de la République, le peuple de France s'est libéré d'un pouvoir qui l'a méprisé et agressé pendant 5 ans. Je veux dire la joie des communistes qui ont combattu sans relâche Nicolas Sarkozy et sa politique et qui ont œuvré de toutes leurs forces à cette victoire.

    Je veux féliciter François Hollande pour son élection. Les femmes et les hommes qui se sont rassemblés sur sa candidature pour infliger à Nicolas Sarkozy la défaite qu'il méritait ont ouvert un nouvel espoir en France, et en Europe.

    Je veux remercier les millions d'électrices et d'électeurs du Front de gauche qui ont apporté une contribution décisive à ce résultat. Sans la campagne mobilisatrice menée par le Parti communiste français et ses partenaires du Front de gauche avec leur candidat commun, Jean-Luc Mélenchon, sans les propositions de notre programme, L'Humain d'abord, sans notre engagement déterminé entre les deux tours, la victoire n'aurait pas été possible. Elle ouvre un nouveau chapitre pour notre pays.

    François Hollande est le premier président élu par les électrices et les électeurs de gauche depuis 24 ans.

    Il était indispensable de mettre un terme à une présidence au service des privilégiés, prenant systématiquement pour cible le monde du travail, ses droits sociaux et démocratiques, les libertés démocratiques.

    Il était indispensable que le co-auteur, avec Angela Merkel, d'un traité européen promettant l'austérité à perpétuité aux peuples et les plein-pouvoirs au capitalisme financier, soit désavoué par son propre peuple.

    À tous les peuples d'Europe qui attendaient ce signe de la France, je dis : ensemble, il redevient possible de faire reculer la dictature financière qui nous menace tous ; ensemble, nous pouvons relancer le combat pour une Europe démocratique, une Europe de justice sociale, de développement solidaire et écologique.

    Oui, ce 6 mai 2012, nous avons remporté une première bataille capitale. Un président de gauche siège à l'Élysée. La gauche doit sans tarder répondre aux urgences sociales qui n'attendront pas. Des mesures immédiates pour les salaires, pour la relance du pouvoir d'achat, pour la lutte contre le chômage et la renégociation d'un traité européen doivent être prises.

    S'ouvre dans le même temps une nouvelle bataille, celle des élections législatives dont va maintenant dépendre la possibilité de maintenir grande ouverte la porte du changement.

    Il faut maintenant élire à l'Assemblée nationale une majorité de gauche qui soit à la hauteur de la situation et compte pour cela en son sein les députés prêts à voter les lois sociales et démocratiques sans lesquelles le changement ne sera rien.

    Il faut de très nombreux députés qui n'aient pas une seconde d'hésitation pour abroger les lois scélérates du quinquennat Sarkozy et des dix années de droite au pouvoir.

    Il faut de très nombreux députés pour reprendre le pouvoir sur le secteur bancaire et financier, pour mettre en place un pôle public de la banque et du crédit.

    Il faut de très nombreux députés favorables au relèvement significatif du SMIC et des salaires, décidés à engager le retour de la retraite à 60 ans à taux plein pour tous, à interdire les licenciements boursiers, à relancer l'emploi industriel et les services publics.

    Il faut de très nombreux députés qui aient le courage de soumettre au vote des droits nouveaux pour les salariés du public comme du privé, pour les travailleurs indépendants à l'avenir précaire, pour les jeunes qui méritent mieux que l'apprentissage à vie, pour les femmes dont les salaires sont toujours largement en deçà de ceux de leurs collègues masculins.

    Les menaces de la droite et de l'extrême droite pour empêcher ces changements ne sont pas mortes avec la défaite de Nicolas Sarkozy. Leurs candidats aux élections législatives doivent être partout battus, et il faut barrer la route à l'entrée du FN à l'Assemblée nationale. Partout où elle a eu cette possibilité en Europe, l'extrême droite a aggravé les reculs sociaux. Il n'en sera pas ainsi en France, le PCF et ses partenaires du Front de gauche s'y engagent.

    Ce soir, j'appelle les candidates et candidats du Front de gauche aux élections législatives à repartir partout au combat pour rassembler autour de ces objectifs l'ensemble des électrices et des électeurs qui ont permis la victoire à l'élection présidentielle.
    J'appelle l'ensemble de ces électrices et électeurs, pour garantir le changement, à mettre les candidats du Front de gauche en tête de la gauche dans le maximum de circonscriptions, le 10 juin, et à en élire ensuite le plus grand nombre, le 17 juin prochain.


    Pierre Laurent
    Secrétaire national du Parti Communiste Français


    votre commentaire
  • Un échantillon de l'humour chansonnier dont l'équipe des "Deux ânes" fait vibrer les cordes sur scène depuis des mois...
    ... pourquoi pas le décompter du temps de parole du candidat en passant ce clip en lieu et place de campagne officielle, ça libèrerait du temps de cerveau disponible chez les téléspectateurs, comme dirait le patron de TF1...
    Rire à s'en débarrasser ou le conserver à en pleurer, la question est bien là.


    votre commentaire
  • Où il s'agit de ne pas laisser une déception éclipser de belles victoires tant attendues, ni la résistible ascension du FN à contrer sans tarder.

    Le talent et la justesse de biens des propos de M. Mélenchon étaient à la fois si inattendus et attendus qu'ils provoquèrent en France et au-delà un fol espoir côté cœur. Un rêve très collectif où la sincérité et la détermination, le temps d'une campagne, effaceraient d'une magie rouge plusieurs décennies de recul, de démissions de la gauche, de ses représentants autant que de sa base, de ses électeurs.
    Le système électoral français et -tant que faire se peut- les électeurs ont tranché,
    l'alarme a sonné, la gravité a frappé et pourtant...

    Les militants, M. Mélechon lui-même et les instituts de sondages avaient placé la barre -et cet espoir- très haut. Parlant et partant d'une gauche qui au scrutin de 2007 peinait à rassembler un score bien moindre que celui remporté cette fois par le Front de Gauche, et à lui seul !
    Ramener les scores de l'ensemble de la gauche réelle -présentant un programme objectivement socialiste et/ou communiste- à plus de 10%, étant entendu que le PS en tant que parti n'en est plus jusqu'à preuve du contraire, est une des victoires objectives dont peut se targuer le Front de Gauche.
    Particulièrement dans les conditions actuelles et face aux manœuvres menées par l'implacable machine médiatique spectaculaire donc réactionnaire durant cette campagne faite de coïncidences extrêmes. Telles « l'affaire DSK » ou cette intrigante « affaire Merah » arrivant à point nommé; et sa suite d'arrestations ultra-médiatisées en forme d'appel pour les droites extrêmes, puisque l'UMP se meurt d'en être.

    L'objectif -proposé durant la campagne- par M. Mélenchon de déverrouiller ce spectacle politique cadenassé par le FN n'est malheureusement pas atteint. Au contraire le FN obtient son plus haut score jamais enregistré.
    Pourtant les électeurs et militants du FdG peuvent facilement dépasser cette légitime déception en imaginant un instant le score qu'aurait obtenu l'extrême droite s'ils et elles n'avaient pas enfin décidé de se rassembler et de résister, d'occuper le terrain, dans les têtes comme en rue.
    Car le moment n'est pas aux lamentations mais à l'action et surtout de ne plus quitter ni céder ce terrain enfin mais trop partiellement réinvesti.

    Le FdG a effectivement porté l'essentiel du combat contre le FN et son programme, fait qui est aussi alarmant que le score du FN. Ce parti qui n'est plus seulement banalisé ou « dé-diabolisé » mais ouvertement propulsé par le discours du président sortant et consacré par les médias privés et « publics »!
    Parmi les enseignements de cette campagne, en dehors du fait qu'un discours réellement à gauche est pertinent et nécessaire, un des principaux tient dans le rappel d'une évidence :
    Tant qu'un discours de gauche, intelligent et intelligible, critique et radical n'aura pas pleinement accès à des médias populaires massivement diffusés et consultés, espérer influer sur le système électoral français actuel -voir sur la politique à court et moyen termes- est illusoire.
    Le score du FN comme la percée puis le repli du FdG en sont une énième démonstration.
    Les gauches latino-américaines l'ont bien compris en créant Télé-Sur ou en multipliant les médias publics, régionaux d'information, d'éducation populaire et permanente.
    Fait notable, c'est le programme et candidat du FdG que plusieurs formations politiques qui gouvernent ces pays ont décidé de soutenir officiellement. Comme M. Mélenchon s'est employé à le répéter, ces pays ont déjà expérimenté le traitement que la finance et le FMI appliquent maintenant en Europe. C'est donc en connaissance de cause qu'ils apportent ce soutien. Voilà encore un motif de fierté pour le FdG, certains reçoivent le soutien de Mme Roussef d'autres de Mme Merkel.

    Revenons sur cette campagne médiatique française qui mis à part ses « extrêmes coïncidences » présente trois temps dans son approche du phénomène FdG et de son candidat.
    D'abord le déni, les médias français semblant jusqu'à ignorer l'existence du FdG et préférant s'intéresser au FN et son électorat. Entreprise de promotion du FN et de son « programme » déjà bien entamée par une série de provocateurs médiatisés et cautionnés par les plus grandes chaînes de médias, ainsi que par le discours du gouvernement sortant. Guéant ayant repris avec ardeur le nauséabond flambeau d'Hortefeux.

    Ensuite une grande partie des médias officiels décident de s'intéresser au Front de Gauche et son tribun. C'est qu'il devenait difficile d'ignorer un candidat qui déjà dépasse les « centristes », déplace des foules et semble menacer le FN. Mais aussi parce que M. Mélenchon a choisi de bannir toute langue de bois et de s'adresser à l'intelligence de ses interlocuteurs, journalistes et auditeurs, ce avec un talent d'orateur et une maîtrise rarement égalés. La jubilation positive de certains journalistes était patente face aux réponses du candidat. Sans parler des gens de gauche de France et d'ailleurs dont nombre d'entre eux n'espéraient plus avoir le plaisir d'écouter de tels discours en français de leur vivant.
    L'effet de cet intérêt des médias est immédiat, M. Mélenchon créant la surprise dans les sondages, suscite un nouvel espoir à gauche et une certaine inquiétude à droite. Démontrant ainsi à la fois qu'un discours intelligent et radical est nécessaire mais aussi la toute puissance des médias qui en temps normal ne répercutent pas ce type de discours et programme.

     
    "Si tu veux voir mes petits doigts , vote pour ..."

    Le dernier temps de cette campagne ne fut donc que retour à la normale. Rappel à l'ordre et M.Mélenchon de révélation redevient vite l'homme à abattre. Pire, les médias qui avaient provisoirement délaissé le FN s 'empressèrent d'en revenir au verrouillage par l'extrême droite, renforcée par la caution du président sortant et de son équipe ratissant tellement à l'extrême de la droite qu'ils en provoquent encore l'émoi jusque dans les rangs de leurs propres « camarades » Européens ou d'outre atlantique!
    Rappelons que dans d'autres pays européens l'extrême droite fait de tels scores que la droite classique après avoir instrumentalisé tente un peu tard d'éviter de se faire déborder!
    Il est évident que le FN doit beaucoup à Sarkozy et plus encore aux médias, tout autant qu'une partie de l'oligarchie a déjà opté pour ce néo-fascisme. Celui où se rencontrent cols bleus du FN et cols blancs de la finance libertarienne.

    Relevons cette autre victoire du FdG -non des moindres- qui consiste en une réhabilitation d'un véritable discours ancré à gauche. Connecté au réel, compréhensible par delà les convictions, porteur d'espoir, ne se cantonnant pas dans la critique et délivrant des pistes concrètes pour l'action.
    Le Front de Gauche peut aussi se targuer d'avoir autant que possible tiré cette morne campagne vers le haut. D'avoir imposé le politique, le débat de fond, des thématiques, propositions et objectifs réellement de gauche. Loin du sécuritaire, des courbettes à la finance, du halal, de la chasse aux assistés-sociaux tandis que les assistés-nantis pavanent, et autres provocations d'extrême bassesse.
    Il est aussi le seul parti ayant une telle audience à proposer une réelle sortie du cadre économique en le dénonçant et le combattant pour ce qu'il est : un choix politique et non une fatalité.
    La responsabilité des militants de gauche enfin de retour sur ces fronts est donc d'autant plus grande face aux défis et luttes à venir.
    Il est à espérer qu'après l'alarme qui vient de retentir ceux qui à gauche n'avaient pas encore rallié le FdG pourront enfin dépasser les divergences qui menèrent à cette attitude. Hier difficilement compréhensible -jusque dans leurs maigres rangs- et confinant aujourd'hui à l'inacceptable de la part de militants communistes sincères, car elles et ils le sont.

    Le Front de Gauche et M. Mélenchon par leur détermination, leur engagement et leurs talents ont réussi l'exploit de réveiller et de rassembler à gauche. Il serait ingrat de ne pas poursuivre et amplifier ce qui vient de se produire, la fierté et la combativité retrouvées; de multiplier ces premières avancées et victoires après des décennies de recul continu de la gauche sur tous les fronts!
    La prochaine doit être le départ de Sarkozy, quand bien même cela passe par un vote pour le candidat du PS.
    La lucidité n'empêche pas le pragmatisme, au contraire, de plus elle prémunit des déceptions.

    I.Vergado

    votre commentaire
  •  Le Front de Gauche du bassin creusotin organise une écoute collective

    Le 19 Avril 2012 à 19 heures

    Salle St Exupéry - Espace Guynemer.

     

    FRONT DE GAUCHE : ECOUTE COLLECTIVE

     www.placeaupeuple2012.fr

     

    FRONT DE GAUCHE : ECOUTE COLLECTIVE 
     

    La retransmission en direct du meeting de

     

    Jean-Luc MELENCHON 

     

    à Paris Porte de Versailles

     

    sera suivie d’un débat sur le programme du Front de Gauche en présence des Candidats aux élections législatives :

     

    Serge DESBROSSES candidat titulaire

     

    Sylvie LEFEVRE candidate suppléante

    Rendez-vous Porte de Versailles

     

    par Jean-Luc Mélenchon

    Ceci est une note rapide rédigée dans la salle d’attente du retour de Pau sur Paris puis dans l’avion du retour. Je ne remets pas à demain de publier aussitôt. Il sera question de ce que j’ai compris de cette paire de jours cruciaux dans la campagne. Gloire à Marseille, bides à Paris. Puis, je dis un mot de mon passage à Pau, et des raisons qui m’empêchent d’être présent à l’hommage rendu à Raymond Aubrac, retenu que je suis par des obsèques plus intimes où le devoir d’affection m’appelle. Si besoin est et si j’en trouve le temps, j’allongerai cette note dans les prochaines heures et jours.

    De Marseille je ne dis rien car tout a été dit, filmé, écrit de tous côtés. Vous savez à quoi vous en tenir. L’onde de choc va se propager dans les couches profondes de l’opinion toute la semaine. La force ira à la force de façon moléculaire mais constante. Je guette le moment où le Front de Gauche accomplira sa mue prévisible en Front du peuple. Les urnes vont être une étape cruciale. Le bilan de cette fin d’avant-dernière semaine est excellent pour nous. Les rassemblements de notre concurrent et de notre adversaire qui devaient assécher notre performance marseillaise et relancer leur action pour les derniers jours n’ont pas fonctionné.

    Si c’était un match que cette simultanéité des meetings ce samedi dimanche, alors nous aurions l’avantage. Pouvais-je imaginer que ce serait à ce point ? Notre rassemblement de la plage du Prado est une cristallisation formidable et un propulseur inouï. Les deux rassemblements du lendemain, celui du Bois de Vincennes et celui de la Concorde sont des bides déflagrateurs. Je comprends parfaitement le rôle que le mauvais temps a joué dans cette situation. Mais dans la mesure où les uns étaient mis publiquement et ostensiblement en concurrence avec les autres, l’incapacité à vaincre les hantises du mauvais temps sont un indicateur de froid qui n’a rien de météorologique. J’en suis d’autant plus certain que, placés dans des conditions plus rudes quant au froid et à la pluie, nous avons submergé la place royale à Pau. Nous confirmons notre ancrage et nous nous donnons de l’élan. Ils peuvent au mieux stabiliser leurs positions. Les gesticulations sur la très, très, grande scène centrale du château de Vincennes annonçant cent dix mille personnes sur une place qui n’en peut contenir davantage que 70 000 bien tassés étaient si énormes que le public présent se sentait lui-même gêné. Surtout que la place était à moitié vide. Quoi qu’il ait annoncé son intention de faire un retour au festif, cette partie manquée ne change rien pour le candidat socialiste. Hollande est candidat à être président par défaut. L’enthousiasme l’encombrerait comme une promesse impossible à tenir. Il n’a donc pris aucun risque, plus plat que jamais. Des gens quittèrent donc la place alors même qu’il dévidait encore son filet d’eau tiède. Peu lui chaut ! Il n’est là pour les mobiliser à rien d’autre qu’à faire les machines à « voter-utile ». La situation de cette place glaciale et sans enthousiasme, régulièrement appelée à applaudir tel ou tel notable de Paris ou de province fonctionne comme un résumé du récit que cette nomenclature propose d’elle-même en tant qu’idéal de vie. Il n’y a pas de décalage entre ce qui est donné à voir et ce qui est proposé. Il en va tout autrement en ce qui concerne Sarkozy. L’affaire est plus grave. Les apparatchiks du parti ont déjà désenbossé les canots de sauvetage. La marée annoncée par le chef, un fondamental de la droite française, n’a pas eu lieu. Elle lui était pourtant indispensable. Une semaine avant le vote, les mouches vont donc changer d’ânes. L’éparpillement de la droite pourrait bien livrer le deuxième tour dans un fauteuil en velours à François Hollande. Mais qui sera alors le second ?

    La semaine qui vient va beaucoup faire tanguer. C’est la zone des très grands rapides. L’espace-temps politique va devenir hautement communiquant. Rumeurs et bobards se déplaceront à la vitesse des virus sur la toile. Mais aussi les arguments qui touchent au but. L’espace temps subit une très grande tension en ce moment. Nicolas Sarkozy, nous dit-on, semble dévisser dans les sondages. Sa défaite paraît certaine. Dès lors l’univers politique se déforme et bien des choses peuvent se produire. Le bide des meetings de ce dimanche accentue la volatilité du champ politique, je le répète. Nous sommes donc mobilisés : notre rendez-vous du 19 avril Porte de Versailles prend un sens et une portée augmentée. C’est le message de force qu’il faut délivrer avant le vote pour faire le sans faute qui est nécessaire avant le verdict populaire. Nous sommes capables de recevoir un formidable coup de booster.

    Les provocations contre nous vont donc se multiplier, cela ne fait aucun doute. Il suffit de voir comment la propagande de l’extrême-droite a été relayée par le « Nouvel Observateur » et « L’Express » pour se faire une idée du niveau de violence disponible contre nous. Bien sûr nous rendrons les coups comme nous l’avons toujours fait. La pente générale des derniers convertis au prochain pouvoir et des intriguants qui en attendent des postes est de nous nier, de nier notre premier tour et donc les chances pour nous qui vont avec. Ainsi de l’épisode de ma possible candidature aux élections législatives. Autre manière de reprendre le même petit concert qui voudrait tellement faire de ma candidature un simple et inoffensif témoignage. C’est sûr : c’est déjà mieux que l’invention d’après laquelle je « prépare 2017 » inventée par mes chers « biographes ». L’un d’entre eux a jeté le masque en venant faire à Marseille un reportage sur les participants à notre meeting de la plage du Prado « tentés par le vote utile pour François Hollande ». Wee ! Une tournée de la part d’Hollande ! Il aurait plutôt dû cuver en faisant un reportage sur ceux qui croyaient aux soucoupes volantes parmi ces gens. Il aurait ainsi révélé notre conjonction secrète avec le plan de Cheminade pour « terraformer » Mars. Plus sérieusement, tenez-vous prêts à riposter dans vos réseaux, en évitant de propager les fausses nouvelles et en assurant le calme et le sang-froid de l’argumentation en toutes circonstances.

    A Pau, il pleuvait à gros seaux quand je suis arrivé sous la petite tente où j’attendais mon tour de parler en écoutant Olivier Dartigolles. Bien sûr, la pluie s’est arrêtée quand je suis monté sur cette scène plantée devant la statue d’Henri IV. Je dis : « bien sûr » car j’ai pris l’habitude de voir le temps s’accommoder à nos horaires. J’ai dit d’abord, comme pour plaisanter, que c’était les forces de l’esprit. Je finis par croire que le syndicat des nuages est de notre côté ! N’empêche que ce devait être un pique-nique mais on comprend qu’il n’en fut rien du fait des intempéries. Encore une fois une affluence historique sur cette place elle-même historique. Un beau et fort festival d’expression culturelle avait eu lieu avant nos prises de paroles selon ce qu’on m’en a dit. Moi j’arrivais directement de l’avion et de la voiture depuis Biarritz. Possible que quelqu’un ait filmé ou enregistré ce que j’ai dit là. Il y fut question d’émancipation et du goût de la liberté. De la place à l’auberge qui m’accueillait, à l’aller comme au retour, j’ai franchi tout juste dix mètres. Mais quelle incroyable ambiance de chaleur humaine, si amicale, si fraternelle ! Un nombre compact de personnes de tous âges tendait les mains et criait des mots d’amitié. De tout cela je retiens une fois de plus le sentiment de la force grandissante et surtout de la joie qui se dégage de notre rassemblement. Les gens arrivent et repartent avec le sourire. Et moi aussi quand bien même suis-je par moment épuisé par cette sorte d’avidité photographique dont je fais l’objet et qui me rend moins disponible pour rendre les sourires aux amis inconnus qui m’en font.

    Ce lundi matin il fallait choisir où je serai. On m’attend à l’hommage pour Raymond Aubrac. Mais à la même heure se déroule la crémation d’un ami très cher. Je serai avec la famille de mon ami. Et les amis de l’ami. Dans ce moment-là nous sommes ces pauvres diables qui se serrent sous la pluie froide sous le même parapluie. Je veux y tenir ma place et y apporter ma part de chaleur. Nous autres de la région parisienne, nous avons vécu venant de tous côtés. Nos amis de longue date sont alors notre famille choisie. Ces liens là sont aussi forts que ceux de la nature. Et parfois davantage. En ce qui concerne Aubrac je crois que j’ai pris la part que je devais prendre. J’ai fait vivre son exemple et sa mémoire sur la plage du Prado. A Marseille dont il a été le préfet à la Libération. J’ai rappelé ses réquisitions d’entreprise qui ont permis au port phocéen de reprendre ses activités au moment crucial ou le pays en avait besoin. Et je suis certain qu’avec notre cri de ralliement mille fois répété au cours de cette campagne, résistance, nous nous sommes tous montrés dignes de ce qu’il pouvait nous apprendre.

    Un qui m’en aura appris, c’est celui que je pleure. C’est un cancer qui l’a emporté. Ceux qui mènent ce combat là nous en apprennent toujours. Un grand nombre en sortent victorieux, heureusement. Ils ne sont plus jamais les mêmes ensuite, j’ai eu maintes occasions de le constater. Mais lui a fait plus fort que tout ce que j’avais vécu. Je suis allé le voir il y a une quinzaine. Il a voulu faire un tour dans le parc de la clinique. Lui dans un fauteuil roulant, nous, trois de ses vieux copains. Et sa fille qui est comme la nôtre. Une jeune femme déterminée qui a les yeux humides tandis que son père décide qu’on va parler de sa mort. Je lui dis qu’on pourrait parler d’autres choses. Je donne comme argument que sa fille est là et que nous allons la faire souffrir. Elle dit qu’elle n’a pas besoin de précautions parce qu’il a déjà eu cette conversation avec elle plusieurs fois déjà. Encore une personne jeune qui en sait davantage que moi sur la vie, je le vois bien et je ne le sais que trop, connaissant sa vie. Lui prend cet air ferme qui est notre façon codée de dire sans élever la voix que c’est une décision qui ne se discute pas. Il dit : « Non, on va en parler, sinon on n’en parle jamais ». « Il faut en parler justement avec ceux pour qui ça va compter ». Je passe le reste. Il n’appartient qu’à nous. Il voulait aussi l’adresse de l’association pour le droit de mourir dans la dignité. Le lendemain je devais y aller parler. Mon discours fut comme une suite donnée à cette conversation dont je devinais qu’elle serait la dernière entre nous, de cette façon là. Lui nous a dit : « Je n’ai pas peur ». Cette certitude exigeante, ces mots si fermes sont à présent plantés dans mon esprit comme un dépôt pour le moment qui viendra forcément un jour. Nous, ses vieux copains, nous avons délibéré et nous concluons comme la sagesse stoïcienne et épicurienne le signale. La mort est une expérience que font les témoins et non celui qui en est le sujet. Pour celui qui va mourir la mort n’existe que comme peur de la mort. Qui a vaincu la peur de la mort a vaincu la mort elle-même. Les grandes peurs périssent d’être reconnues dit Camus. J’ai vu cette fois-ci que cela pouvait être vrai de la plus grande d’entre elle puisque c’est la dernière que l’on éprouve. Les copains y sont retournés une fois encore pour une petite cérémonie tandis que moi je courrais la campagne électorale. Lui suivait cette campagne comme jamais. Les copains ont chanté l’internationale avec lui dans la chambre de la clinique. Il est passé le poing levé.

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique