• Intervention de Michelle DEMESSINE sur le Mécanisme Européen de Stabilité

     

    Le Parlement ratifie le Mécanisme européen de stabilitéDébat préalable au Conseil européen des 1er et 2 mars 2012

     

    (Intervention générale au Sénat, séance du mardi 28 février)

     

    Michelle Demessine, sénatrice du Nord

     

    Notre débat de ce soir, préalablement au Conseil européen d’après-demain à Bruxelles, a quelque chose de surréaliste.

     

    En effet, à la suite de votre déclaration liminaire, monsieur le ministre, vous sollicitez l’analyse des différents groupes de notre assemblée, puis nous vous interrogerons sur quelques points particuliers.

     

    Mais cette sympathique discussion à cette heure tardive est vraiment un théâtre d’ombres.

     

    Les décisions ont déjà été prises avant, et ailleurs, et ce que nous vous disons n’aura qu’un effet limité, voire aucun effet du tout, sur la décision du Président de la République de signer le traité dit : de stabilité, de coordination et de gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire.

     

    Car c’est bien de la signature de ce traité qu’il s’agira le 1er mars prochain. 25 des 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, l’adopteront solennellement, en marge de la réunion du Conseil, et c’est cet évènement qui fera date et qui sera le seul point que l’histoire retiendra de ce sommet.

     

    A nos yeux, le grand danger de ce traité que le chef de l’Etat signera au nom de la France, est d’être un nouvel instrument antidémocratique pour imposer, sous couvert de discipline budgétaire, la loi des marchés financiers aux Etats et aux peuples d’Europe.

     

    Ce traité, concocté entre la Chancelière et le Président de la République, aggrave encore les quelques dispositions sur la gouvernance économique et le semblant de solidarité européenne, contenues dans son prédécesseur de 2005. Le peuple français l’avait rejeté par référendum, le Chef de l’Etat le lui avait alors imposé par la voie parlementaire.

     

    Aujourd’hui nous refuserons le nouveau scénario qui s’annonce.

     

    C’est dès maintenant que nous dénonçons le danger d’une signature du Chef de l’Etat. Nous refusons ce traité car il est profondément antidémocratique et contraire à l’intérêt national puisqu’il s’agit de limiter la souveraineté budgétaire des Etats et de leur dicter leurs politiques économique et sociale.

     

    De surcroît c’est de lui que procèdent tous les plans d’austérité qui sont imposés aux pays en difficulté en échange de financements pour tenter de payer leurs dettes.

     

    Cette filiation montre également le lien incontestable et indéfectible qui existe entre les deux projets de loi autorisant la création du Mécanisme européen de stabilité, contre lesquels notre groupe a voté cet après-midi, et le traité que va signer le Président de la République.

     

    En effet, la possibilité pour un Etat membre de l’Union européenne de participer à ce Mécanisme, à ce Fonds de soutien, est conditionnée à l’approbation de ce traité. Ce n’est qu’à cette condition, en effet, que pourra être activé, à partir du 1er juillet, ce fonds monétaire européen dont la mission est d’imposer l’austérité aux peuples dont les Etats n’arrivent pas à financer leurs dettes sur les marchés.

     

    C’est la carotte pour accepter les coups de bâtons !

     

    L’intérêt du débat de ce soir pourrait être ainsi d’éclairer les enjeux et de montrer toutes les conséquences négatives pour notre pays, pour notre peuple, mais aussi pour l’Europe, d’une signature du chef de l’Etat.

     

    Fruit de deux mois de laborieux compromis avec l’Allemagne, ce traité vise à instaurer une forme autoritaire de gouvernement économique de la zone euro en prétendant la protéger contre les attaques spéculatives des marchés financiers, et faciliter les prises de décisions rapides qui ont tant fait défaut ces dernier mois.

     

    De nouvelles règles communes, des budgets favorisant le développement économique et social des Etats membre, des solidarités concrètes entre les pays face à la puissance déstabilisatrice des marchés, voila ce dont aurait besoin l’Europe !

     

    Mais ce qui sera avalisé par Nicolas Sarkozy à Bruxelles n’est qu’une fausse solidarité qui enfoncera un peu plus encore les pays dans leurs difficultés.

     

    Car ce traité, bien qu’il prétende lutter contre les marchés financiers pour protéger la zone euro de leurs attaques, ne s’en donne, en réalité, pas les moyens. Et ceci tout simplement parce que les gouvernements des pays membres n’en ont pas la volonté politique.

     

    Tout au contraire. Les dispositions prévues, que ce soit l’instauration de la « règle d’or », ou plutôt de la « règle d’airain » interdisant tout déficit budgétaire, ou bien les sanctions automatiques contre les Etats contrevenants, toutes ces mesures vont précisément dans le sens de la logique de l’austérité économique et sociale réclamée par les marchés.

     

    Et pourtant l’expérience de ces derniers mois a démontré combien la mise en œuvre de ces politiques d’austérité était totalement inefficace pour résoudre la crise qui secoue l’euro.

     

    Mais prenons garde, car si cette crise n’était pas jugulée, elle détruirait les économies européennes les unes après les autres. C’est pour cela qu’il faut changer de méthode. Si notre groupe est si vivement hostile à cette signature, c’est que nous considérons que la méthode et les politiques publiques qu’il inspire, sont mauvaises et dangereuses pour les économies et les peuples. Elles vont même à l’encontre des objectifs affichés.

     

    Car ce sont justement ces politiques qui alimentent la crise.

     

    Ce sont ces politiques d’austérité qui, en comprimant la demande, font reculer l’activité, ce qui à son tour réduit les rentrées fiscales et creuse encore plus vite les déficits. Partout où elles ont été mises en œuvre, les résultats parlent d’eux-mêmes. Ces pays se sont enfoncés dans la récession, ils ont subi un appauvrissement sans précédent, ils sont accablés par le chômage et atteints dans leur dignité même.

     

    Tout cela s’accompagnant d’un démantèlement systématique des services publics des systèmes sociaux, du droit du travail qui provoque la colère des peuples et prépare dans certain pays un véritable séisme social.

     

    Où est la solidarité pour aider les pays menacés par les attaques des marchés financiers, quand par exemple depuis le début de la crise, le produit intérieur brut de la Grèce a baissé de près de 20%, et que les salaires et les retraites en baisse seront bientôt au même niveau qu’en Roumanie ? Est-ce là le résultat d’une vraie solidarité européenne envers les victimes des marchés financiers ?

     

    Les prévisions de la Commission européenne présentées jeudi dernier sont d’ailleurs l’éclatante illustration de ce que ce mécanisme dit de soutien ne préconise qu’une austérité asphyxiant l’économie réelle et empêchant la croissance.

     

    La Commission a tout simplement annoncé la récession dans la zone euro, avec un recul du PIB de 0,3%, et une quasi absence de croissance dans l’Union européenne. Huit des dix-sept Etats de la zone euro, la Grèce en tête, mais aussi le Portugal, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique seront en récession.

     

    La France et l’Allemagne, quant à elles, comme l’ensemble des 27, n’auront qu’une croissance infime de 0,4 à 0,6%.

     

    Avec le Mécanisme européen de stabilité dont le Sénat, à l’exception de notre groupe, a accepté la mise en place, ce sera l’aggravation de ces politiques, car il se fonde sur la même logique que son prédécesseur, le Fonds européen de stabilité.

     

    La seule différence, maintenant, est qu’il est pérenne et que les décisions seront plus rapides à prendre pour mieux les imposer aux Etats.

     

    On peut d’ailleurs d’ores et déjà douter de son avenir, car Standard’s and Poors vient de le placer sous perspective négative, et l’Allemagne a annoncé qu’elle ne céderait pas face à ceux qui demandent déjà le renforcement le renforcement de ce soi-disant pare-feu européen.

     

    Le dispositif lié à l’adoption du traité va au-delà de tout ce qu’on a connu jusqu’à présent au niveau européen en matière d’abandon de souveraineté, d’opacité et de recul démocratique.

     

    Il implique une perte évidente de souveraineté budgétaire, puisque c’est le regroupement des gouverneurs de ce fonds qui décidera du dépassement de son plafond sans l’avis des Parlements nationaux.

     

    Sous la direction du condominium franco-allemand, une mécanique implacable de contrôle et de corsetage des finances publiques nationales se met en place.

     

    Mesurez bien, monsieur le ministre, mes chers collègues, que pour la fameuse troïka que sont, la Commission, la Banque centrale européenne, et le FMI invité à participer à l’affaiblissement des économies européennes, ce qui se passe en Grèce est une expérience grandeur nature pour démanteler les droits démocratiques et sociaux partout en Europe.La Grèce est leur laboratoire.

     

    Et ce sont ces politiques, formalisées dans un traité, que le chef de l’Etat et votre gouvernement accepterait de faire inscrire dans le marbre des législations nationales !

     

    Cette discipline budgétaire aveugle, sous prétexte de davantage maîtriser leurs finances publiques, contraint les Etats à voter des budgets équilibrés en limitant leur déficit structurel à 0,5% de leur PIB.

     

    Réclamée par l’Allemagne, cette règle est impitoyable avec ceux qui l’enfreindraient puisqu’elle prévoit des amendes allant jusqu’à 0,1% du PIB et des sanctions quasi automatiques pour les pays affichant un déficit supérieur à 3% du PIB.

     

    Cette règle d’airain, plutôt que d’or, pourrait sembler aux naïfs être une saine gestion des affaires publiques.

     

    Il n’en est rien, car ses conséquences sont contraires à nos principes démocratiques. Son principal danger est de limiter la souveraineté parlementaire sur le budget en nous obligeant notamment à soumettre préalablement à Bruxelles les projets de lois de finances.

     

    Il place ainsi les budgets nationaux sous la tutelle des institutions européennes, mais aussi, indirectement, du Fonds monétaire international.

     

    Ce serait ainsi, pour un gouvernement, accepter d’avance de renoncer à la liberté de décider de la politique qu’il veut appliquer, à la liberté de mener une politique de transformation sociale.

     

    Et il est prévu que cela se fasse en vertu de dispositions contraignantes et permanentes venues d’ailleurs et qui s’imposeraient à nos lois de finances.

     

    Dans ces conditions, que devient l’article 14 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, l’un des fondements de notre Constitution, qui nous dit, je le cite, que « les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée » ?

     

    Qu’en est-il aussi de l’article 39 de notre Constitution, qui dispose que « les projets de loi de finances et de loi de financement de la sécurité sociale sont soumis en premier lieu à l’Assemblée nationale » ?

     

    Soumettre ainsi nos budgets à une institution supranationale composée de technocrates non élus est clairement incompatible avec nos principes constitutionnels. Je le répète avec force, les fondements même de ce traité heurtent fondamentalement les principes démocratiques énoncés dans notre Constitution.

     

    De ce point de vue, à la veille d’échéances électorales qui peuvent changer l’avenir de notre pays, il n’est pas souhaitable que le Président de la République sortant décide, seul, aujourd’hui, de les mettre en cause lors de ce prochain Conseil européen.

     

    Lorsqu’il faudra, dans quelque temps, ratifier ce traité, qui comprends tant de mesures néfastes pour l’intérêt national et celui des peuples d’Europe, il faudra donc consulter notre peuple pour qu’il s’exprime en toute connaissance de cause.

     

    Nos institutions le permettent, c’est la voie du référendum que le Président de la République, quel qu’il soit, devra choisir !

     

    Telles sont monsieur le ministre, les appréciations dont le groupe communiste, républicain et citoyen souhaitait vous faire part à la veille de ce Conseil.


     

    L'hémicycle de l'Assemblée nationale.

    L'hémicycle de l'Assemblée nationale. AFP/JOEL SAGET

    Le Parlement français a donné mardi 28 février son feu vert au Mécanisme européen de stabilité (MES), structure commune permanente pour financer les pays en difficulté de la zone euro. Le vote s'est tenu dans un climat de polémique politique, attisé par la campagne électorale.

    Après l'Assemblée nationale le 21 février, le Sénat a approuvé mardi les deux traités qui vont remplacer à terme l'actuel Fonds européen de solidarité par le MES. Le premier texte, qui modifie un article du traité de l'Union européenne, autorise la création d'un tel mécanisme, tandis que le second traité fixe ses modalités de fonctionnement.

    ABSTENTION SOCIALISTE

    Ces deux traités sont juridiquement distincts du pacte de stabilité budgétaire conclu entre 25 pays de l'UE, qui doit être officiellement signé le 1er mars et que le candidat socialiste à l'élection présidentielle, François Hollande, veut renégocier. Mais un lien fort existe entre les deux car les prêts du MES ne pourront être accordés qu'à des pays membres du pacte. Ce lien a justifié l'abstention socialiste. La gauche s'est toutefois divisée, les communistes du Front de gauche votant contre. Cette abstention a été qualifiée de "faute historique" par le premier ministre François Fillon.

    Ce vote intervient alors que le sommet de la zone euro prévu le 2 mars à la fin du sommet européen des 27 a été annulé en raison des réticences de l'Allemagne à discuter des moyens alloués au MES, ce pare-feu contre les crises des dettes.

    http://www.lemonde.fr


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  • Par Yves Dimicoli, responsable du secteur financier et économique ( PCF )

     À crise systémique réponses systémiques, Les tentatives de réponses capitalistes aux défis des révolutions informationnelle, écologique, démographique et monétaire préparent le risque d'un nouvel éclatement du surendettement et de la suraccumulation beaucoup plus grave encore qu'en 2008.

     

    Depuis le grand tournant de 2008-2009, les États interviennent massivement et leurs dirigeants mettent en avant des projets de transformation qui peuvent apparaître d'ampleur. Cela reste toutefois très limité car on vise, par- dessus tout, à respecter les intérêts établis, à répondre aux exigences de rentabilité financière des capitaux dominants et aux injonctions des marchés financiers, d'où une exacerbation des antagonismes. Déjà, en zone euro, les essais successifs de règlement de la « crise des dettes souveraines » brisent la demande, font rechuter la croissance et repartir, sans cesse, la spéculation.

    Elles rationnent les dépenses, redoublent dans l'endettement sur les marchés financiers et le refinancement bon marché des banques sans changement des critères du crédit.

    Elles alignent l'Europe derrière les exigences allemandes en sanctuarisant le pouvoir de création monétaire de la BCE au service de la finance.

    Mais, au delà, grandissent les risques d'effondrement des bons du trésor des États-Unis et du dollar et, dans leur sillage, d'une remontée des taux d'intérêt à long terme. Cela précipiterait d'autant plus l'économie planétaire dans la dépression qu'éclateraient aussi les surinvestissements dans l'industrie, dans les pays émergents notamment. Dépasser les marchés du capitalisme mondialisé

     

    C'est dire le besoin de commencer à rompre pour un nouveau type de croissance et de développement.

     

    Pour sortir de la crise systémique, il faut des réponses de portée systémique tendant à maîtriser et commencer à dépasser tous les marchés du capitalisme mondialisé, au lieu de chercher à les « réguler » ou « moraliser ».

     

    Il s'agit, d'abord, du marché du travail avec l'avancée vers un système de sécurité d'emploi ou de formation par des mesures progressives contre la « flexisécurité »: reclassement choisi des salariés licenciés, nouveaux contrats de travail sécurisés, gros progrès de l'indemnisation et du retour à l'emploi des chômeurs, généralisation des mises en formation avec conservation du salaire, affiliation de chacun-e à un service public d'emploi et de formation dès la fin de la scolarité, conférences nationales et régionales pour des objectifs chiffrés annuels d'emploi et de formation avec les moyens nécessaires pour les réaliser... Ce système, une fois achevé, assurerait à chacun-e soit un emploi de qualité, soit une formation correctement rémunérée afin de pouvoir accéder à un meilleur emploi choisi, avec une continuité ascensionnelle des droits et revenus.

    Cette rotation entre emploi et formation, tout le long de la vie active de chacun-e, permettrait de métamorphoser le travail, de réduire son temps et son rapport au temps « hors travail », de progresser vers l'éradication du chômage et un dépassement du salariat lui-même.

     

    Avec un grand élan novateur des principes de mutualisation de la protection sociale et un essor considérable des services publics, tous les temps de la vie de chacun-e pourraient être sécurisés.

     

    Maîtriser les marchés monétaires et financiers

    Cela concerne deux grands enjeux.

    Le premier consiste à promouvoir un nouveau crédit bancaire pour les investissements matériels et de recherche. Il serait sélectif, avec des taux d'intérêt d'autant plus abaissés, jusqu'à être nuls, voire négatifs, que seront créés de bons emplois et de bonnes formations. Au plan institutionnel, cela va de la création de Fonds publics régionaux de prise en charge de tout ou partie des intérêts du crédit, à la constitution, au niveau national, d'un pôle financier public à partir des organismes publics (CDC, la Banque postale, Oséo...) et avec des banques nationalisées. Cela concerne, aussi, le niveau européen, avec un refinancement des banques ordinaires par la BCE modulé pour encourager le développement du nouveau crédit. Au-delà, il y a la visée d'une monnaie commune mondiale, alternative au dollar, à partir des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international qu'il faut transformer radicalement, de concert avec la Banque mondiale.

    Le second enjeu concerne la prise systématique de dettes publiques par la création monétaire de la BCE et par le FMI transformé.

     Il s'agit non seulement de casser les reins à la spéculation sur ces dettes et d'organiser des re-négociations, mais aussi de financer une grande expansion des services publics nationaux et de leurs coopérations via un « Fonds social, solidaire et écologique de développement européen » démocratique, au lieu du pacte de stabilité. Maîtriser les productions

    Troisième marché à maîtriser, celui des productions. Il s'agit d’inventer de nouveaux critères de gestion d'efficacité sociale des entreprises pour que reculent les gâchis de capitaux, progressent toutes les capacités humaines, avancent d'autres modes de production et de consommation.

     

    Cela appelle des droits nouveaux des travailleurs et de leurs organisations pour faire prévaloir des propositions aptes à sécuriser l'emploi, la formation, les salaires, l'environnement, en sollicitant les institutions de crédit, en cherchant, face aux problèmes de compétitivité, à faire baisser les coûts du capital (intérêts et dividendes) et non les « coûts du travail ».Il s'agit aussi d'accroître les participations publiques dans les entreprises et de promouvoir de nouvelles entreprises publiques et socialisées visant, avec une planification stratégique, une cohérence nouvelle des filières industrielles et de services.

     

    Enfin, il faut maîtriser le marché mondial avec le remplacement de l'OMC par une institution organisant les coopérations nécessaires à la maîtrise du commerce mondial, au recul des dissymétries qui encouragent délocalisations et dumping social, pour un co-développement.

    Cela exige aussi de promouvoir des services et biens communs publics mondiaux comme l'environnement, l'eau, l'alimentation, l'énergie, les transports, la culture, la monnaie... toutes choses qui, en articulation avec l'avancée de nouvelles valeurs et une convergence des luttes contre toutes les dominations, feraient cheminer vers une autre civilisation.

     

     *Yves Dimicoli est responsable du secteur Économie, Finances du PCF.


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  •  image 72649476 Voilà ça y est c'est fait !! Le fameux débat (ou non débat selon les points de vue) entre Le Pen fille et le candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon a eu lieu. Nous étions des milliers de camarades à l'attendre cette confrontation car dans nos esprits, elle devait être l'aboutissement d'un long travail de terrain, celui des militantes et militants du camp des héritiers de la résistance. Au quotidien, à la porte des entreprises, dans les quartiers populaires, à la sortie des lycées et universités, partout nous démasquons l'imposture politique, le poison démocratique, la bêtise politique , l’infâme politique du clan Le Pen.

     

    L'émission d'hier soir sur France 2, des paroles et des actes, devait nous permettre devant des millions de téléspectateurs de discréditer celle qui serait, d'après les biens pensants, la porte parole de la classe ouvrière, des laissés pour compte, des invisibles. Les quelques lignes dans la presse d'aujourd'hui, et les discussions que nous pouvons avoir les uns et les autres montrent qu'effectivement Jean Luc Mélenchon a ramené Le Pen fille à ce qu'elle est réellement : une imposture politique, une gesticulante marchante de haine et d'idiotie. Comme l'a rappelé le candidat du Front de Gauche hier soir : elle et son parti ne servent à rien, ni au premier ni au second tour, hormis la volonté de véhiculer de la haine, de la violence et du mépris.

     

    Le non-remboursement de l'avortement par la sécurité sociale sauf pour les femmes les plus riches, la suppression de l'aide médicale d'urgence en oubliant que les microbes n'ont pas de papiers et ne font d'ailleurs aucune différence entre « un bon français » et l'étranger qui serait responsable de tous les maux de la terre. Au conseil régional Nord Pas-de-Calais, là où elle siège avec ses amis, elle s'est opposée à la subvention régionale au secours populaire français, elle a refusé de soutenir un plan de mise au norme et de rénovation de l'habitat social sur le secteur d'Hénin-Carvin, elle a voté contre la mise en place du pass contraception pour les lycéens de la région. Nous pourrions multiplier les exemples démontrant l'imposture, le mépris envers les français les plus modestes. La réalité, c'est que nous sommes, nous les militantes et militants du PCF et du Front de Gauche en train de faire tomber le masque de l'imposture partout où nous le pouvons.

     

    Tout cela sans évoquer la décision de ne pas débattre avec Jean Luc Mélenchon. Oui un mot tout de même sur cette courageuse fuite de la dirigeante du parti de la haine. Cette stratégie, il paraît clair qu'elle était la plus mauvaise que pouvait emprunter Le Pen fille. Son petit numéro n'a convaincu strictement personne ou plutôt si, il nous a convaincu d'une chose : c'est que Le Pen fille est incapable de défendre l'indéfendable lorsqu'elle fait face à un homme intellectuellement et politiquement bien supérieur. Et déjà elle le démontre face à l'économiste de BFM, François Lenglet, qui n'a obtenu aucune réponse de l'épouvantail politique sur les questions économiques. Tout simplement parce que Le Pen fille ne maîtrise absolument pas ces sujets et que son programme n'en est en réalité pas un, les approximations laissant place bien souvent à l’aberration. Le ridicule de Le Pen fille et l'intransigeance de Jean Luc Mélenchon poussent même les spectateurs sur le plateau au fou-rire. On croit rêver et pourtant, le Front National se ridiculise en direct devant des millions de téléspectateurs.

     

    On peut donc tirer deux conclusions majeures de la « prestation » de Le Pen fille hier soir. La première, elle nous vient du débat avec Henri Guaino. La plume de Sarkozy a pu débattre 20 minutes avec l'invitée. L'intégralité de la discussion s'est faite autour de l'immigration vue comme un problème par le conseiller sarkozyste. Confrontation de chiffres, de méthodes pour au final tenter de délivrer un diplôme à celui ou celle qui est le plus à même à remplir les charters, à nier nos valeurs, à refermer la France sur elle-même. Le débat entre ces deux tristes personnages a été une preuve de plus (si il en fallait une) de la connivence entre l'UMP de Sarkozy et le FN de Le Pen fille. A l'image de ce basculement de toute la droite en Europe, Guaino a magistralement montré que la frontière entre son parti et celui de l'extrême droite était bien mince. La ligne rouge est pratiquement franchie. La copie devient plus originale que l'original lui-même.

     

    Venons-en maintenant au second enseignement de la soirée et nous l'avons largement évoqué déjà. Le Front National est une imposture politique et sociale. Elle n'a eu de cesse d'affirmer vouloir tout au long de l'émission défendre ses idées, son programme. Pourtant je suis incapable de citer ici une proposition concrète, expliquée, justifiée qu'aurait évoqué l'admiratrice de Brasillach. Quand France Télévision lui offre la possibilité de se confronter à quelqu'un qui l'a combat politiquement elle fuit le débat et elle se pose en victime d'un système dont elle est une des actrices de premier plan pourtant. Elle a choisi la plus mauvaise des postures en refusant le débat et l'argumentaire sur lequel elle se base pour justifier ce refus est aussi ridicule que ces petits numéros de femme importante. En réalité, elle savait très bien qu'elle ne ferait pas le poids face au seul opposant vraiment sérieux auquel elle se confronte dans cette présidentielle. Elle savait parfaitement que l'homme qui a répondu à l'invitation de France 2 pour se confronter à elle, a entre ses mains les arguments et la force politique capables de terrasser son infâme parti et ses nauséabondes idées. Elle savait en somme, que pas une seconde elle aurait pu résister contre le message de vérité et d'intelligence dont Jean Luc Mélenchon se fait le porte parole. Le masque est tombé, circulez il n'y a plus rien à voir !

     

    Je voudrais terminer ce petit billet par une simple remarque concernant le fade et pénible Franz Olivier Giesberg. Qui est-il pour affirmer en toute fin d'émission comme un quasi message messianique, que la France vit au-dessus de ses moyens, qu'une cure d'austérité pour un peuple c'est finalement pas si terrible pour peu qu'on se lance comme objectif de ressembler au formidable, au spectaculaire modèle allemand ? Oui il est beau le modèle allemand. Pas de salaire minimum, 2 millions de travailleurs allemands payés moins de 6 euros de l'heure, 20% des travailleurs allemands sont des travailleurs pauvres, pas de sécurité sociale, pas de système de retraite comme on peut l'entendre communément … Voilà ce qu'est le modèle allemand tant admiré par Giesberg. Si lui trouve cela comme étant un idéal, pas nous au Front de Gauche !!

     

    G.S


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  • Un mea culpa hypocrite de Sarkozy

    "Je le ferai plus m'sieur ! C'est juré !" Un journaliste un tant soit peu honnête aurait demandé à Sarkozy pourquoi il se met aujourd'hui à rabâcher ses engagements de 2007 et de 2008 sur la valorisation du travail et la moralisation du capitalisme alors qu'il a fait tout le contraire avant son mandat, comme ministre des finances de Chirac, et depuis son élection en 2007 ?

    Hier soir, sur France 2, face à un Pujadas toujours aussi mielleux avec le Président, Nicolas Sarkozy nous a ressorti le pipot de 2007 sur la valorisation du travail... face à l'assistanat.

    La campagne 2012 repart donc avec les mêmes idées de 2007, complétées du traditionnel discours qui tente d'opposer "ceux qui travaillent" à "ceux qui bénéficient d'aides sociales mais ne branlent rien". En gros.

    C'est ainsi qu'il veut réformer la prime pour l'emploi, dont bénéficient tout de même 6 millions de français, dans le but d'alléger les charges de 7 millions de Français bénéficiaires de bas salaires allant jusqu'à 1,2 fois le Smic "pour augmenter leur salaire d'un peu moins de 1.000 euros par an", selon ses estimations. Il faut que "le travail soit davantage rémunéré que l'assistanat", a-t-il plaidé, ajoutant que cette proposition "ne dégradera pas le déficit".

    Il s'agit là d'une nouvelle fausse bonne idée : si on lit bien, cette prime pour l'emploi qui est payée par l'Etat donc par le contribuable, servira à alléger les charges salariales des bas salaires : en clair, Sarkozy veut à nouveau exonérer les entreprises de charges sociales ! Un nouveau cadeau au patronat que prendra en charge l'impôt donc le contribuable ! Encore un peu de déficit de la Sécu et des caisses de retraite qui viendront justifier de nouveaux reculs de remboursement de soins et des reculs des pensions !

    Et ce soit-disant surplus de revenus pour les salariés ne compense en rien les hausses de TVA enregistrées en janvier (TVA réduite augmentée de 5,5 % à 7 %) et la future TVA sociale !

    Dans la veine du référendum pour imposer une formation aux chômeurs, le voilà qui veut imposer aux titulaires du revenu de solidarité active (RSA), 7 heures de travaux d'intérêt général rémunérés par semaine. C'est ce que font les chômeurs allemands pour des salaires de 1 € de l'heure contre 9 € pour le SMIC ! Vous allez voir que les entreprises vont soudain se rendre compte qu'elles vouent une passion aux précaires !... aux détriments de contrats classiques, mieux rémunérés.

    Derrière son discours contre "l'assistanat", c'est surtout l'idée de pouvoir tirer vers le bas la rémunération du travail qui se cache. Il dit d'ailleurs que "la réponse à la crise, c'est valoriser le travail". Ainsi, selon Sarkozy, s'il y a une crise et des chômeurs, c'est que le travail n'est pas "valorisé" ? Mais valorisé par rapport à quoi ? Par rapport à l'assistanat bien sûr !

    Jamais Sarkozy ne parle des bénéfices énormes qu'accumulent les entreprises côtées en Bourse et les 31 % d'augmentation de revenus des patrons des 120 plus grandes entreprises de France en 2011 !

    Là aussi, il s'agit d'un contre feu pour faire passer les chômeurs et bénéficiaires d'aides sociales pour des assistés responsables de leur situation. De cette façon, il détourne l'attention de ceux qui craignent pour leur avenir en leu indiquant qu'ils peuvent échapper à la déchéance sociale si, eux, refusent l'assistanat.

    Monter les salariés ayant un emploi contre ceux qui n'en ont pas, c'est une manière de dédouaner le système économique capitaliste, sa dérive financière, les licenciements massifs et les délocalisations.

    Non messieurs Sarkozy et Pujadas ! Les chômeurs, précaires et exclus de la société ne sont pas responsables de la crise et de leurs difficultés !

    Si on veut revaloriser le travail, il faut d'abord revaloriser les salaires et, ensuite, arrêter de parler des salariés comme d'un coût !

    • Les communistes et le Front de Gauche veulent progressivement augmenter le salaire minimum, le SMIC, à 1 700 € net pour tirer vers le haut les grilles salariales.
    • Nous proposons d'encadrer les salaires dans les entreprises en limitant l'écart entre les plus hauts salaires et les plus bas salaires. Personne ne pourra gagner plus de vingt fois ce que gagne un de ses collègues !
    • Nous voulons revenir au Contrat à Durée Indédéterminé comme contrat de travail de référence. Les 850 000 précaires de la Fonction Publique, dans les hôpitaux et les écoles notamment, seront à ce titre titularisés.

    On se souvient aussi du Sarkozy grand pourfendeur des dérives du capitalisme et de la finance en pleine crise de 2008 ! Lui qui voulait "moraliser le capitalisme" a reconnu son échec total. Pour notre part, il s'agissait plutôt d'un discours de circonstance, alors que la mobilisation sociale grandissait partout dans le monde contre les conséquences de la crise financière ! Il n'a jamais eu l'intention de faire quoi que ce soit.

    A la veille d'une élection qui s'annonce difficile pour lui, le voilà qui ressort son discours antipatronal. Il annonce que "les rémunérations des plus hauts dirigeants devront être votées non pas par les conseils d'administration, où en général il y a beaucoup d'amis, mais par l'assemblée générale des actionnaires", rendues publiques et fixées par un comité des rémunérations où les salariés de l'entreprise auront désormais un représentant (sur combien de membres ?). En outre, leurs retraites "chapeau" et autres "parachutes dorés" seront interdits.

    En dehors du fait qu'il s'agit de promesses, comme celles sur la moralisation du capitalisme ou les traders, pourquoi n'a t-il rien fait ces dix dernières années ?

    Nicolas Sarkozy a par ailleurs pour la première fois concédé s'être trompé en fêtant sa victoire de 2007 au Fouquet's, le restaurant chic des Champs-Elysées. "Si c'était à refaire, je ne referais... ne reviendrais pas dans ce restaurant puisque que ça été vraiment le feuilleton", a t-il déclaré en buttant sur les mots. Le choix du verbe est important car ne pas"refaire" a été remplacé par l'idée de ne pas "revenir" au Fouquet's, ce qui n'est pas la même chose ! Peut-être ira t-il dans un autre grand restaurant avec ses riches amis s'il est réélu le 6 mai prochain ?...

    L'apparition de Nicolas Sarkozy hier a été une grande opération de communication, un grand camouflage de 5 ans de présidence auquel le présentateur de France 2 s'est prêté de bonne grâce.

    Nicolas Sarkozy veut-il nous faire croire qu'il a changé ? A nouveau ?

    En représentant des classes privilégiées, de celles du Fouquet's qui ont échappé à la crise et à qui il a offert le bouclier fiscal, l'allègement de l'ISF, les lois TEPA, la suppression de la taxe professionnelle et un certain nombre d'entreprises publiques, Nicolas Sarkozy sait qu'il doit faire des promesses qu'il ne tiendra pas s'il veut être réélu.

    Il fait des promesses et manipule en même temps un discours de division entre travailleurs, meilleur moyen d'empêcher une prise de conscience collective de la nécessité de lutter, tous ensemble, contre ce capitalisme qui nous impose depuis les années 80 des régressions sociales toujours plus importantes.

    La France va mal. Elle a perdu beaucoup d'emplois industriels. Les services publics sont liquidés, en régression. La misère grandit avec le chômage et la précarité. L'avenir est sombre pour nos jeunes.

    Ce triste bilan, ce ne sont pas d 'autres travailleurs qui en sont responsables, qu'ils soient arabes ou noirs, qu'ils soient jeunes ou vieux, qu'ils soient du public ou du privé, qu'ils soient au chômage ou dans l'exclusion !

    Pour savoir qui est responsable, il faut regarder qui a profité du crime !

    En trente ans, les entreprises ont explosé leurs bénéfices, bénéficient de milliards d'euros d'allègements sociaux, multiplient les emplois précaires sous payés, délocalisent. Derrière, ce sont quelques milliers de grands actionnaires qui ont vu augmenter de manière démentielle leurs patrimoines et leurs revenus.

    Sarkozy aura beau tenter de mettre les immigrés, les chômeurs et les bénéficiaires du RSA sur le devant de la scène, en accusation, nous continuerons de montrer du doigt ses amis, ceux du Fouquet's, ceux du yacht Bolloré, qui ménent la barque de l'économie mondiale et sont responsables d'une mondialisation capitaliste qui pille le monde pour leurs intérêts égoïstes.


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  • Sondage mi-février : confirmation d'une dynamique

    qui peut porter loin

     

    Election Politique et Citoyen (EPOC) vient de livrer les résultats de son dernier sondage, au 15 février, deux jours après le retrait de Boutin qui appelle à voter Sarkzy. Ces résultats sont importants et confirment ce que nous pressentions et ce que les médias commençaient de dire : la meilleure campagne est celle de Jean Luc Melenchon!

     

    Les résultats de ce sondage créent l'évènement de cette fin de semaine, puisqu'ils donnent Jean Luc Mélenchon avec 12% des intentions de vote au 1er tour de la présidentielle. Il en progrès de + 3 % sur le sondage précédent réalisé par la même institut. Mieux encore, Jean luc Mélenchon s'empare de la 4ème place, car il passe devant Bayrou qui lui atteint les 11% mais en recul de 1%.

     

    (* Attention ce sondage d'EPOC réalisé le 15 février est non conforme à la législation actuelle sur les sondages, ce qui ne permet pas aux médias télévisés, parlés et écrits de le diffuser de façon officielle. Il ne peux pas être comparé aux autres sondages. Il n'en reste pas moins vrai que ces résultats sont réels et confirme une tendance à des progrès plus importants qu'il n'y parait.)

     

    Les jeunes semblent faire bouger en positif  Jean luc Mélenchon, 35 % des intentions de vote sont des jeunes de - 25ans, 31 % des personnes de 25 à 45 ans, et 30 % dans la tranche des 45 à 65 ans.

     

    Autre satisfaction, Marine Le Pen atteint les 15%, elle est loin des fourchettes (16-19%) que lui donent les autres instituts de sondage. Jean Luc Mélenchon n'est plus qu'à 3 % d'elle. On comprend mieux pourquoi elle vient de refuser un débat en direct avec JL. Melenchon, à l'emission des "Paroles et des actes" que lui proposait Antenne2.

     

    On constate également une nouvelle chute de Sarkozy qui obtient 21% avec un recul de 3%. Certainement du à l'annonce de nouvelles mesures de casse sociale avec notamment la TVA Sociale, la remise en cause des 35 heures etc. qui sont désapprouvées par le même sondage par plus de 75% des soondés.

     

    De son côte Hollande obtient 27% et progresse de 2%.

     

    Eva Joly stagne à 4%. Tout le reste des candidats ont moins de 2%.

     

    Pour le 2ème tour ce sondage donne 58.5% pour Hollande et 41.5% pour Sarkozy. Jamais l'écart n'a été si important !


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