• Le cri de colère contre un "système éducatif en crise"Trente professeurs du jury d’agrégation de mathématiques ont démissionné mercredi pour protester contre "la destruction" du système de formation et de recrutement des enseignants. Une action rare qui montre l’exaspération générale au sein de l’Education nationale face à la politique de casse menée par le gouvernement. Nous publions ici leur tribune dans laquelle ils pointent :

    •la casse de la formation et du recrutement des enseignants liés à la "masterisation"

    •la suppression de près de 80.000 postes depuis cinq ans

    •les suppressions de classes

    •la privatisation rampante des financements des universités

    •les restrictions de visa pour les étudiants étrangers


    "Démission d’un quart du jury de l’agrégation externe de mathématiques : les effets de la masterisation"

    "Le système éducatif français est en crise, la situation est grave. La crise apparaît d’abord dans l’asphyxie des moyens. Les fermetures de classes se succèdent à un rythme accéléré dans les écoles primaires, les collèges et les lycées. Les universités n’arrivent pas à accueillir décemment les étudiants ; elles sont précipitées dans une course effrénée aux financements. Il y a une baisse alarmante des effectifs dans les études scientifiques ainsi que dans les filières professionnelles.

    Les mesures indignes prises récemment à l’encontre des étudiants étrangers aggravent encore la situation. Élèves, étudiants, parents, chefs d’entreprises, enseignants, tous perdent peu à peu confiance dans notre système de formation. Un signe alarmant est la désaffection croissante des étudiants pour le métier de professeur. Amorcé au début des années 2000, le phénomène a connu en 2011 une accélération brutale, effet immédiat de l’entrée en vigueur de la réforme de la formation et du recrutement (connue sous le nom de « masterisation »). Par exemple, au CAPES externe de mathématiques, où il y avait 846 postes ouverts en 2010 et 950 en 2011, le nombre de candidats présents aux épreuves écrites est passé de 2695 en 2010 à 1285 en 2011 (-53%), le nombre d’admissibles de 1919 à 1047 (-46%), le nombre d’admis de 846 à 574. Ainsi, l’effondrement du nombre de candidats a été tel que le jury n’a pu pourvoir en 2011 que 60% des postes offerts.

    De tels chiffres se passent de commentaire

    Sans être encore aussi catastrophique, la situation de l’agrégation n’en est pas moins alarmante : le nombre de candidats présents à l’écrit a régulièrement baissé depuis 2006 (ils étaient 1853 en 2006 et 1124 en 2011), alors qu’en même temps le nombre de postes augmentait. Les effectifs des préparations au CAPES ou à l’agrégation restent cette année à un niveau très bas. Pourtant le besoin en professeurs est énorme. Les rectorats en sont à publier des petites annonces pour rechercher les professeurs de mathématiques qui leur manquent. On recrute ainsi dans l’urgence des personnels précaires, non qualifiés et sans formation professionnelle. Les zones « difficiles » sont les premières touchées, ce qui va à l’encontre de l’égalité des chances et compromet la vie des générations à venir.

    Pour une très grande part, la crise de l’école provient des déséquilibres de la société et de l’économie, dans le monde comme en France, entraînant une perte de confiance et des difficultés d’adaptation. Ceci devrait être une raison de plus pour faire de l’école une priorité, un devoir pour la nation afin de mieux préparer l’avenir. Pour améliorer l’école il faut reconnaître ses problèmes. Notre système éducatif a certainement ses faiblesses, qu’il faut corriger. Cependant il a aussi des forces considérables, qu’il faut absolument préserver. L’une d’elles, reconnue dans le monde entier, était sa capacité de formation et de recrutement des enseignants, garantissant de très solides bases scientifiques et humanistes. Or dans sa frénésie de réformes, le ministère de l’éducation nationale est en train de détruire sciemment cette capacité.

    Nous ne pouvons pas rester passifs devant cette entreprise de démolition

    La masterisation a été imposée sans aucune concertation, contre l’avis quasi unanime de la communauté éducative (cf. le récent rapport Jolion). L’exigence du diplôme de master pour tous les concours d’enseignants a détourné un grand nombre de candidats potentiels. Beaucoup des meilleurs étudiants, pour lesquels la deuxième année de master est une ouverture naturelle vers la recherche, ont déserté les préparations à l’agrégation. D’un autre côté, des étudiants moins brillants ont reculé devant la difficulté supplémentaire que représentait le master. Le flux, modeste mais régulier, et bénéfique, de candidats venus d’autres secteurs d’activité professionnelle pour une reconversion a été stoppé net.

    L’un des aspects les plus graves de la réforme en cours est l’attribution d’un service d’enseignement à temps plein aux lauréats, juste après le concours. Cette mesure n’a aucune autre justification que l’exigence d’économies budgétaires. Elle a d’ailleurs été désapprouvée par le Conseil d’État. La formation professionnelle est ainsi sacrifiée. Une réforme aurait dû avant tout motiver les étudiants et les mettre dans les meilleures conditions de préparation. C’est exactement le contraire qui s’est produit.

    La masterisation a déjà changé le visage de l’agrégation, en diminuant fortement le nombre des candidats

    Or ce concours est un des points les plus forts de notre système. Son intérêt principal est de garantir un recrutement de qualité indiscutable.Le stage qui suivait l’admission complétait la formation professionnelle. Les conditions nouvelles d’inscription ont changé la donne, là où il n’y avait aucune nécessité. Une conséquence de la suppression de l’année de formation professionnelle après le concours a été l’introduction de l’épreuve « agir en fonctionnaire de l’état et de façon éthique et responsable », censée tester la déontologie et les qualités humaines du candidat en un quart d’heure lors de l’oral, plutôt qu’au cours d’une année d’apprentissage sur le terrain. Le jury de l’agrégation de mathématiques, pratiquement unanime, avait lors de la session 2010 indiqué dans une motion rendue publique son opposition à l’instauration de cette nouvelle épreuve dans ces conditions.

    Plusieurs jurys d’autres disciplines en avaient fait autant. La moitié du jury de l’agrégation de philosophie avait même démissionné pour protester contre l’absurdité de l’épreuve « agir ». Le ministère n’a même pas daigné répondre à ces critiques. Au contraire, il s’est ingénié à dénaturer encore plus le concours en y introduisant des contraintes nouvelles (certification en informatique et en langues, à un niveau clairement irréaliste), toujours sans concertation et sans préparation.

    À ces contraintes s’est ajoutée une complication supplémentaire : le ministère a imposé à tous les jurys un calendrier extrêmement serré qui, pour les concours à gros effectifs comme celui de mathématiques, a transformé la session d’oral 2011 en un marathon très difficile à gérer. Annoncé comme exceptionnel par le ministère, ce resserrement du calendrier a été accepté par notre jury, soucieux de préserver l’agrégation, de permettre aux candidats de faire valoir leur travail de préparation, et d’assurer aussi bien qu’il le pouvait le recrutement de professeurs pour pourvoir les 288 postes mis au concours en 2011.

    Mais les membres du jury ont en même temps voulu renvoyer à leur tutelle un message d’alerte exprimant leur inquiétude quant à la détérioration du concours et plus généralement des conditions de formation et de recrutement des professeurs.

    Cette démarche n’était pas destinée à être rendue publique, mais...

    un nouveau diktat ministériel concernant la session 2012 a mis le feu aux poudres : le calendrier, loin de redevenir normal, allait être encore plus resserré ; le jury disposait de moins de temps alors que vingt postes de plus étaient à pourvoir. La seule façon d’organiser le concours en respectant les délais imposés et sans porter atteinte à l’équité des épreuves pour tous les candidats serait de diminuer le nombre d’admissibles : prendre une telle décision pour des raisons purement administratives est pour nous inacceptable. Une lettre circonstanciée, signée par une grande majorité des membres du jury 2011, fut adressée au ministre, détaillant nos inquiétudes sur le fond, et lui demandant surtout de revoir les dates d’oral (nous suggérions par exemple de moduler celles-ci suivant les effectifs de chaque concours). Le mécontentement était tel que les signataires faisaient part de leur intention de ne pas siéger en 2012 s’ils n’obtenaient pas de réponse. Il y eut certes une réponse, mais indirecte et accablante : adressée au président du jury, elle le chargeait en quelque sorte de calmer ses troupes, maintenait les contraintes absurdes du calendrier et ne disait pas un mot des questions de fond. Aussi, trente d’entre nous, soit plus d’un quart du jury 2011, ont décidé qu’il n’était plus possible d’assister passivement à la destruction de notre système de formation et de recrutement. Ils ont pris la grave décision de démissionner et de rendre publiques les raisons de leur geste.

    Le mépris avec lequel la DGRH et le ministère ont traité leur personnel à cette occasion va bien avec le fond et la forme des réformes récentes. C’est contre tout cela que les démissionnaires protestent aujourd’hui.

    La protestation de membres d’un jury d’agrégation peut apparaître comme dérisoire au regard de la crise que traverse la société, en particulier du chômage qui frappe 25% des jeunes. À ceux qui voient dans notre démarche une réaction élitiste, émanant de quelques privilégiés, nous disons que la formation de la jeunesse est la question clé aujourd’hui, et que nous refusons la destruction en cours des outils de cette formation.

    Quelle chance a-t-on d’entrevoir la sortie de la crise si on renonce à donner une formation de qualité aux futurs citoyens ?

    Or les conséquences des réformes actuelles sont déjà visibles : on enverra dans les classes de jeunes professeurs moins motivés, moins bien formés scientifiquement, sans ou presque sans formation pédagogique ni professionnelle. Un gâchis patent, pour ces professeurs autant que pour leurs élèves.

    Le système d’éducation français a longtemps été un modèle. Il est urgent qu’il le redevienne. Nos universités devraient attirer des étudiants du monde entier. C’est particulièrement vrai en mathématiques, où l’école française est une des meilleures du monde. Mais ne nous y trompons pas, l’élite ne peut pas reposer sur du vide. Nos médailles Fields ne sont pas une rente éternelle. La dégradation générale aura inévitablement des répercussions sur l’ensemble du tissu scientifique, et en particulier sur notre recherche de pointe.

    Il est urgent de redonner au métier d’enseignant l’éclat qu’il a perdu. N’attendons pas qu’il soit trop tard. En défendant un outil de formation et de recrutement efficace, c’est à l’avenir de tous les jeunes que nous pensons.

    • Liste des trente démissionnaires :

    Dominique Barbolosi Professeur, université d’Aix-Marseille, Daniel Bennequin , Professeur, université Paris Diderot, Laurent Bernis, Professeur de classes préparatoires, lycée Kerichen, Brest, Franck Boyer , Professeur, université d’Aix-Marseille, Olivier Brinon, Maître de conférences, université Paris-Nord , Marie-Line Chabanol, Maître de conférences, université Bordeaux 1, René Cori, Maître de conférences, université Paris Diderot , Hubert Correia, Professeur de classes préparatoires, lycée Michel Montaigne, Bordeaux, Clément De Seguins Pazzis, Professeur de classes préparatoires, lycée Sainte-Geneviève, Versailles, Sandrine Dozias, Professeur de classes préparatoires, lycée Descartes, Tours, Denis Favennec, Professeur de classes préparatoires, lycée Michel Montaigne, Bordeaux, Jean-Christophe Feauveau, Professeur de classes préparatoires, lycée de Bellevue, Toulouse, Françoise Fontanez, Professeur de classes préparatoires, lycée Marcelin Berthelot, Saint-Maur, Jean-Claude Fort Professeur, université Paris Descartes, Serge Francinou, Professeur de classes préparatoires, lycée Charlemagne, Paris, Isabelle Gaudron, Maître de conférences, université Paris-Nord, Hervé Gaussier, Professeur, université Joseph Fourier, Grenoble, Stéphane Gonnord, Professeur de classes préparatoires, lycée du Parc, Lyon Thierry Klein, Professeur, université Joseph Fourier, Grenoble, Bernard Loiseau, Professeur de classes préparatoires, lycée Marcelin Berthelot, Saint-Maur, Edith Méthou, Professeur de classes préparatoires, lycée Victor Hugo, Besançon, Nicolas Meunier, Maître de conférences, université Paris Descartes, Rached Mneimné, Maître de conférences, université Paris Diderot, Sylvie Monniaux, Maître de conférences, université d’Aix-Marseille, Bertrand Philibert, Professeur de classes préparatoires, lycée Marcelin Berthelot, Saint-Maur, Simon Riche, Chargé de recherche, CNRS, Clermont-Ferrand, Antoine Rousseau, Chargé de recherche, INRIA, Montpellier, Monique Teillaud, Directrice de recherche, INRIA, Sophia Antipolis, Emmanuel Thomé, Chargé de recherche, INRIA, Lorraine, Jacques-Arthur Weil, Maître de conférences, université de Limoges.

    Source : Tribune de l’Humanité du 16 février 2012


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    Pour l'école de l'égalité

    Depuis plusieurs années déjà, et notamment depuis la loi Fillon de 2005, les attaques contre l’école maternelle et primaire, le collège, le lycée et les universités, contre les enseignants et les postes, sont nombreuses et récurrentes. En  les multipliant et en accélérant le rythme, la politique de Nicolas Sarkozy a réussi, en quatre ans et demi, à mettre à terre le service public d’éducation.

    Rappelons là certaines mesures prises depuis 2007 : remise en cause de la scolarité des 2-3 ans avec la mise en place de jardins d’éveil à la charge des collectivités et des contribuables ; réduction drastique des subventions aux associations d’éducation populaire et aux mouvements d’éducation nouvelle ; criminalisation du traitement de la violence à l’école et plus généralement de la jeunesse ; réduction de l’éducation prioritaire à un repérage des « élèves à risque » ;  fichage des élèves et dénaturation de la statistique scolaire ; sabordage de la formation des enseignants ; renforcement de l’autonomie et de la concurrence des établissements scolaires sur le modèle du management néo-libéral ; dérégulation de la carte scolaire, privilèges et préférences donnés à l'enseignement privé ; attaques contre le savoir et la pédagogie, suppressions de postes, développement de la précarité …


    Sans être exhaustive cette liste illustre de façon accablante la régression considérable et brutale de notre système éducatif. Comme si la coupe n’était pas encore assez pleine, l’UMP propose encore récemment une réhabilitation des filières au collège dans l'unique but de renforcer les logiques ségrégatives et de développer les sorties précoces du système éducatif nous ramenant quelques trois décennies en arrière. Preuve que, sans un coup d’arrêt net à cette politique destructrice de la droite en 2012, d’autres phases de régression sont encore devant nous, comme en témoigne le projet d’évaluation des enseignants portant atteinte à leur professionnalité et instituant un arbitraire et une mise en concurrence des individus.


    Cette politique nous devons la combattre parce qu’elle est injuste, cynique, inefficace et opposée en tous points aux valeurs de justice, de progrès et de libertés défendues par le Front de gauche, par de nombreuses organisations  et par de très nombreux concitoyens. Notre projet rejoint en effet les mobilisations citoyennes et professionnelles qui ont vu le jour sur tout le territoire, pour dire non à cette politique, sans jamais avoir été entendues. Jamais la population n’a marqué un tel rejet car c’est bien la mort du service public d’éducation qui est en jeu. Personne n’est dupe, l’école de la droite c’est celle du chacun pour soi, de l’égoïsme, de la loi du plus fort et du plus riche, écartant une grande partie de la population scolaire du droit à l'éducation et à la poursuite d'études.


    Elle tourne non seulement le dos aux aspirations de la population, mais également à tous les acquis des chercheurs et des pédagogues. Le rôle de la scolarisation en maternelle dans la prévention de l’échec scolaire est incontestable. Une école plus égalitaire  nécessite aujourd'hui de relancer une éducation prioritaire qui soit soutenue par des moyens d’une toute autre ampleur que ces dernières années et qui affirme la capacité de tous les élèves à réussir. Les systèmes scolaires les plus démocratiques sont ceux qui s’abstiennent de toute mise en concurrence des écoles et des familles, qui bannissent le libre choix de l’école, qui misent sur la formation des enseignants et surtout qui investissent dans l’éducation : bref l’inverse de la politique actuelle !


    Contre les orientations prises depuis 2007 les rappels à l’ordre ont été nombreux. Les chercheurs ont analysé les effets délétères des mesures prises : l’aggravation de la ghettoïsation scolaire et de la fragmentation de l’école sont les préludes  à un véritable séisme social. De nombreux rapports provenant des organismes d’État (Cours des comptes, Inspection générale) ont tiré à plusieurs reprises le signal d’alarme, en vain. Les organisations internationales ont également pointé les excès d’élitisme, le désengagement de l’État et l’accroissement inconsidéré des inégalités. La France apparaît en effet aujourd’hui aux yeux du monde comme l’un des pays les plus inégalitaires en matière de scolarité obligatoire. Jamais donc une politique dite éducative n’a fait à ce point l’unanimité contre elle et suscité autant d’indignation collective. L’UMP et le gouvernement actuel peuvent-ils avoir raison contre les concitoyens, la communauté éducative et  la communauté scientifique ?


    Face à ces constats le Front de gauche ne se contente pas de dénoncer : il propose un projet éducatif à la hauteur de la situation, et non un aménagement de l’existant. Le Front de gauche refuse de penser sa politique éducative dans le cadre du budget contraint érigé en dogme par les politiques d’austérité. Son projet  ne résulte pas d’une quelconque « convention-spectacle » ou d’une commission fermée réservée à quelques technocrates ; il résulte d’une réflexion menée avec la population elle-même, au cours des assemblées citoyennes, avec les enseignants, les chercheurs, les mouvements pédagogiques et les réseaux divers. Le projet se veut ouvert et non figé et construit autour d’une idée centrale : l’école de l’égalité. Trop souvent galvaudé et instrumentalisé, ce terme doit retrouver à présent tout son sens.

    L’école de l’égalité c’est avant tout une école humaniste et progressiste, laïque, indépendante des logiques de marché et de l’utilitarisme économique. C’est une école qui renoue avec la culture, la connaissance et les idéaux collectifs. Elle permet à tous les élèves, scolarisés de 3 à 18 ans,  d’acquérir  une culture commune, une qualification reconnue et de s’émanciper.  C’est une école où pas un jeune ne sort sans une qualification.


    C’est une école qui affirme la capacité de tous les élèves à apprendre et réussir, et  la place au centre des politiques éducatives et pédagogiques. Elle donne les moyens à toutes et tous de trouver sa place.  Cette école est résolue à prendre le parti d’une réduction des inégalités et qui abroge les logiques de concurrence et de management en cours.


    C’est une école qui cesse de considérer ses personnels comme un fardeau, mais qui, récusant toute forme d’autoritarisme et s’appuyant sur des professionnels respectés et revalorisés, dotés des moyens de bien faire leur travail, redonne aux enseignants, à tous les personnels éducatifs, aux parents d’élèves  et aux jeunes toute leur place et toute leur légitimité. C’est enfin une école qui traitera de l’urgence absolue de la refonte totale de la formation des enseignants et qui enrayera le cercle vicieux de la désaffection de la profession enseignante produite de toute pièce par le pouvoir actuel.


    L’école de l’égalité s’inscrit dans le projet global du Front de Gauche et nécessite des ruptures radicales avec l’ordre établi.


    Ce projet nécessite une mobilisation de toutes les forces de notre société à la fois pour en débattre, en préciser les grands axes et agir pour les faire aboutir. C'est un instrument essentiel pour répondre aux attentes et aux besoins et contribuer à construire une autre société.


    Construisons l'école de l'égalité ! 12 propositions pour refonder une politique nationale d'éducation.


    1. Tous capables ! Parce que les différences entre les élèves ne sont pas naturelles mais socialement construites, que l’échec scolaire n’est pas une fatalité, l’affirmation de la capacité de tous les élèves à entrer dans les apprentissages scolaires est au fondement du projet éducatif.


    2. L'urgence: un plan de lutte contre les inégalités. L’égalité scolaire implique la gratuité réelle des études pour tous. Des critères nationaux devront être (re)pensés et mis en œuvre pour mettre en place l'école de l'égalité quelles que soient les ressources des collectivités locales. Ainsi, les fonds sociaux et d'aide à la restauration seront rétablis à la hauteur des besoins. Des postes d'assistants sociaux scolaires seront créés. Nous mettrons en place des observatoires des inégalités rassemblant dans les territoires des élus, des parents, l’ensemble des personnels de l’éducation nationale et des élèves à partir du collège ainsi que des personnalités associées.
     
    3. Un service public d'éducation national, pour garantir un même accès à l'éducation sur tout le territoire en éradiquant les logiques de concurrence qui sabordent notre système éducatif. Nous en finirons avec les politique d'autonomie libérale et mettrons un terme à la politique ségrégative de Nicolas Sarkozy en matière de carte scolaire en faisant primer l'intérêt général. Une  sectorisation repensée sera mise en place fondée sur de nouveaux redécoupages, fidèle aux réalités locales, concertée avec tous les acteurs des territoires et encadrée par des observations locaux de la mixité sociale.
     
    4. À formation commune, qualification égale. Nous garantirons le droit à une qualification égale pour ceux qui ont suivi une même formation : défense du cadre national des diplômes, validation de toutes les années d’étude dans les conventions collectives.


    5. Construire une culture commune ambitieuse. Le commun est porté par des valeurs laïques, les mêmes contenus de savoirs pour tous et par les modalités d’apprentissages, qui privilégient l’apprendre ensemble, l’exercice de la pensée et l’autonomie intellectuelle. Les mêmes programmes doivent être enseignés à tous jusqu'à la fin du collège pour que l'orientation dans les différentes voies du lycée, générale, professionnelle ou technologique, soit un vrai choix. Nous développerons les passerelles entre les voies. L'investissement de l'État dans l'enseignement professionnel sera augmenté de 50 % pour que les enseignements techniques professionnels et généraux soient d'égale qualité. Parce qu'il faut du temps pour apprendre à tous des savoirs plus complexes, la scolarité obligatoire sera portée à 18 ans.
     
    6. Défendre et transformer l'école maternelle. L’école maternelle sera obligatoire à partir de 3 ans, accessible dès 2 ans pour les familles qui le souhaitent. Réduction des effectifs et refonte des programmes permettront à tous les enfants, en particulier ceux issus des classes populaires, de devenir élèves.
     
    7. Refonder l'école sur le modèle de l'élève qui n'a que l'école pour apprendre. Les programmes et l'ensemble de l'école devront être refondés sur le modèle de l'élève qui n'a que l'école pour apprendre les savoirs scolaires afin de réduire l’échec scolaire, de donner à tous les clefs pour entrer dans les apprentissages scolaires, s’émanciper, et ce sur tous les champs de la connaissance. Le service public d'éducation nationale devra prendre en charge tous les apprentissages nécessaires pour réussir à l'école : il faut en finir avec la délégation aux familles, aux collectivités locales ou aux cours privés. L'école doit se faire à l'école.


    8. Redonner sens au métier d’enseignant est une priorité. Une nouvelle réforme de la formation des enseignants articulera formation de haut niveau dans la ou les disciplines à enseigner, formation professionnelle et ouverture à la recherche et s'appuiera sur des pré-recrutements. Nous soutiendrons la relance de la recherche en éducation, la formation continue et la création de temps d’échanges pédagogiques, de réflexion et d’élaboration dans les établissements. Nous renégocierons les règles de gestion pour en supprimer tout arbitraire. Le statut de fonctionnaire d'État, garantie de la liberté pédagogique et de l'égale qualité du service public sur tout le territoire, sera renforcé. Il ne saurait être question d'accroître la charge de travail des enseignants ou de diversifier leurs tâches.


    9. Tous les parents ont leur place à l'école. Nous créerons un statut de représentant de parents d’élèves pour permettre à tous les parents de participer à la vie des établissements. Des temps et des lieux aménagés pour les rencontres avec l’équipe éducative devront être mis en place.


    10. Associations éducatives et pédagogiques laïques partenaires de l'école publique (associations complémentaires de l'école, mouvements pédagogiques et d'éducation populaire). Ces associations ont toujours agi avec, dans et autour de l’école. Elles contribuent à la promouvoir, à la rendre plus démocratique et font vivre les valeurs de laïcité et d’éducabilité de tous. Nous proposons de pérenniser leurs financements et promouvoir leur action.


    11. La politique d'éducation doit aussi s'adresser aux jeunes en voie de délinquance ou de déscolarisation. Nous privilégierons la prévention et nous abolirons les lois sécuritaires dérogeant aux principes de l’ordonnance de 1945. Nous travaillerons à la protection des jeunes en créant des structures d’accueil et en formant des personnels éducatifs et judiciaires. Les collectivités locales doivent retrouver les moyens pour aider les travailleurs sociaux et les familles qui demandent l'aide éducative à domicile pour les mineurs comme pour les jeunes majeurs.


    12. Dépenser pour l'école, c'est investir dans l'avenir. Nous stopperons les suppressions de postes et engagerons un plan de recrutement dans l'Éducation nationale sous statut de la Fonction publique d’État rétablissant, notamment, tous les postes supprimés depuis 2007. Dans l'immédiat, nous proposons de porter la part du budget de l’état consacré à l’éducation de 5,6% à 7% du PIB.



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  • Ils s'appellent Jean-Paul, Claire, Laurence, Arnaud, Thibaud ou Georges. Ils sont profs des écoles, de collège ou de lycée général et technique, en formation ou remplaçant. Ce mardi, ils manifestaient contre les suppressions de postes dans l'Education nationale. Voici pourquoi.



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  • Ecoles primaires : 36 classes sur la sellette en Saône-et-Loire, 12 ouvertures proposées

    Rentrée 2012 en Saône-et-LoirePoussés par la neige dans les couloirs du CDDP de Mâcon, près de 150 manifestants ont dit leur colère face à la plus importante "saignée" de postes à laquelle est confrontée la Saône-et-Loire depuis très longtemps.

    Rentrée 2012 en Saône-et-Loire

    Mardi 15 h, école de Chapaize, Jeanick Lemaître (de dos au premier plan), maire d'Ameugny, présent à la manifestation le matin, rappelle aux parents d'élèves du regroupement pédagogique les arguments que cin des maires concernés ont exposé à l'inspecteur d'académie le matin même pour le maintien de la 5ème classe, celle de Chapaize

    Lors du Comité technique scolaire départemental mardi matin à Mâcon, l’Inspecteur d’académie François Bourguignon a proposé la fermeture de 36 classes d’écoles maternelles, élémentaires, primaires et regroupements pédagogiques intercommunaux en Saône-et-Loire. Il a aussi avancé le nom de 12 écoles qui au contraire pourraient ouvrir une classe. Sans surprise, le projet a reçu lors du vote l’opposition unanime des syndicats d’enseignants (FSU, UNSA, SGEN-CFDT, FO). Aux 36 fermetures, l’Inspecteur d’académie a ajouté la suppression de 40 postes qui concernent les RASED (réseau d’aide aux enfants en difficulté), des postes de remplaçants, de formation continue, d’animateurs de soutien, de mise à disposition d’associations etc. ainsi que trois ouvertures de postes de psychologues scolaires.

    Le solde allant bien au-delà des 53 postes à redonner que réclame le ministère de l’Education Nationale au département, ce comité ouvre naturellement la porte aux négociations. Elles ont quasiment déjà commencé, l’Inspecteur d’académie ayant laissé entrer à 11h une dizaine de délégations pendant la réunion du comité pour qu’elles s’expriment tour à tour tandis que 150 manifestants étaient rassemblés dans la cour puis les couloirs du CDDP où se tenaient la réunion.

    http://www.lejsl.com


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  • L’appel

    L’école publique est dans le collimateur des libéraux. Leurs politiques aux effets dévastateurs se traduisent immanquablement par des fermetures de classe, par le non remplacement d’enseignants, par des classes aux effectifs surchargés, par le manque de formation des professeurs…

    Au final, c’est l’Ecole de la République, laïque et gratuite qui est attaquée dans ses missions.

    Les enseignantes et les enseignants, parce qu’ils sont les garants de l’intérêt général, parce qu’ils sont ceux qui donnent aux enfants de notre pays les clés de l’émancipation individuelle et collective, sont dans la ligne de mire de la droite. Ils subissent au quotidien l’accroissement de leur charge mais aussi l’appauvrissement de leurs missions, la précarité galopante de leur métier, les attaques contre leur statut, le manque de considération pour leur action…

    Ça suffit comme ça !!!

    Nous refusons la marchandisation de l’éducation. Nous refusons la suppression de la carte scolaire ainsi que l’autonomie des établissements et son école à deux vitesses. Stop aux proviseurs-managers ! Ne comptez pas sur nous pour préparer les jeunes esprits à la société libérale de la précarité, du tous consommateurs et du chacun pour soi.

    Pour les enseignants que nous sommes, aucun doute possible : tous les élèves sont éducables !

    Nous refusons une éducation au rabais et les inégalités qu’elle serait incapable de corriger. Face à leur socle minimaliste et utilitariste, nous voulons imposer un haut niveau de culture commune pour toutes et tous. La démocratisation, ce ne doit plus être des mots mais des actes et une réalité. La mixité et l’émancipation sociales doivent être portées par des choix politiques clairs.

    L’enjeu, c’est la réussite de toutes et tous. Pas un jeune ne doit sortir du système éducatif sans qualification. Ce n’est pas un acte individuel que chacun doit poser. C’est la mission que le pays assigne à son Ecole. Et disons-le tout net : parce qu’enseigner est un métier qui s’apprend, seuls des enseignants qualifiés et formés peuvent y contribuer.

    Avec Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche à l’élection présidentielle, avec les candidat-e-s du Front de Gauche aux législatives, nous portons un projet global de société, de transformation sociale, écologique et démocratique. L’Ecole, en tant que pilier de la République sociale, y prend toute sa place. « Eduquer, Qualifier, Emanciper », telles sont les missions de l’école laïque et républicaine pour mener à bien le changement radical nécessaire.

    C’est avec vous que nous allons le construire.

    La révolution citoyenne passe par l’Ecole.

    Engageons-la ensemble !

    signer l’Appel


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