• Monsieur,

    Je vous remercie pour votre courrier à l’adresse des Maires que j’ai lu avec une grande attention. Vous écrivez vouloir placer la question du logement au cœur du débat des élections présidentielles. Je partage pleinement votre approche et votre combat.

    Je suis Maire de Gennevilliers, une ville populaire du département des Hauts-de-Seine, située dans la première couronne de la région parisienne. Avec tous les élus, nous recevons de plus en plus de familles confrontées à des problèmes de logement : habitat insalubre, mal-logement, et qui sont contraintes d’attendre pendant des années un logement social.

    Cette crise du logement n’est pas une simple conséquence de la crise financière. Elle est le résultat de politiques volontaires renforcées par ce gouvernement, qui ont transformé le logement en marchandise et en outil spéculatif, bien loin de la conception fondamentale du droit au logement.

    Avec 64 % de logements sociaux dans ma commune, nous menons une politique volontariste visant à permettre à chacun de pouvoir se loger dignement et sans exclusion.

    Et pour ce faire, nous réalisons une programmation globale de l’habitat équilibrée avec 50 % de logements sociaux et 50 % de logements en accession. De 2011 à 2016, nous avons prévu de construire, chaque année, 750 logements par an (objectif inscrit dans notre PLH). C’est en ce sens que notre futur écoquartier accueillera 1 720 logements diversifiés. Depuis plusieurs années, Gennevilliers est une ville pilote dans l’éradication de l’habitat insalubre. Nous avons signé, en 2009, un deuxième protocole de coopération avec l’État pour éradiquer l’habitat indigne. 913 logements indignes ont été répertoriés et à ce jour 587 traités (527 fermés définitivement et 60 mis en conformité). Et nous avons relogé, à Gennevilliers, 290 ménages, représentants 571 personnes, dont 156 enfants.

    En 2014, c’est notre objectif, et nous le tiendrons, il n’y aura plus de logement indigne sur notre ville. Ce résultat est le fruit de notre politique volontariste et prouve qu’il est possible de mettre fin à l’habitat insalubre.

    Le droit au logement pour tous et partout est bien une question fondamentale pour notre société. Plus que jamais, Il est urgent de se mobiliser contre la politique désastreuse du gouvernement : baisse du budget en faveur du logement social de -20 % sur la période 2008-2011 et augmentation du soutien à l’investissement spéculatif au travers de dispositifs fiscaux qui ponctionnent sur le budget de l’État de 10,7 milliards d’euro.

    Afin d’en juger, je vous invite à observer ce qui est fait dans notre département, véritable laboratoire de mise en place des politiques nationales qui créent de nombreuses disparités, comme la vente des logements sociaux initiés par Monsieur Nicolas Sarkozy quand il était président du Conseil général des Hauts-de-Seine.

    Aujourd’hui, se loger dans notre département est de plus en plus difficile, car les prix de l’immobilier et des loyers explosent. En tout, ce sont près de 100 000 familles qui restent en attente d’un logement social.

    La création de logements sociaux est la seule solution efficace pour régler le problème dans son ensemble parmi lesquels les problèmes récurrents de l’hébergement d’urgence, du mal-logement et notamment chez les jeunes.

    10 ans après la loi de Solidarité et Renouvellement urbain (loi SRU), force est de constater que de nombreuses villes ne respectent toujours pas cette loi. C’est le cas de 14 communes sur 36 dans les Hauts-de-Seine, qui préfèrent payer de faibles amendes plutôt que d’accueillir des logements sociaux.

    Certaines municipalités, qui se vantent de construire du logement social, ne font aucun effort pour en construire de vraiment abordables, à savoir des PLAI et des PLUS. Elles font uniquement du PLS inaccessible aux couches populaires.

    L’argument du manque de foncier disponible est très souvent brandi par ces villes comme explication objective. Pourtant, le nombre de programmes de constructions de bureaux ou de logements de standing n’a jamais été aussi important.

    Entre 1999 et 2006, le nombre de logements a augmenté de 8,5 % (+ 53 129 logements) mais le nombre de logements sociaux a, lui, diminué de 3,82 % (- 6 975 logements sociaux).

    Le Conseil général des Hauts-de-Seine est un des départements les plus riches de France et a largement les moyens de mener une autre politique en faveur du logement. Pourtant, il choisit d’adopter une attitude discriminatoire sur le financement de nouveaux logements sociaux vis-à-vis des villes qui ont plus de 40 % de logements sociaux.

    Enfin, concernant l’encadrement des loyers du privé, il est inadmissible qu’aucune réglementation plus ferme ne soit appliquée : dans l’agglomération parisienne, les loyers ont augmenté de 30 % en 10 ans alors que nos concitoyens vivent des situations de plus en plus précaires, que les revenus n’ont pas augmenté, voire sont en baisse.

    Vous l’aurez compris, ma position d’élu local confronté au problème de logement quotidien de nos concitoyens, mon expérience de mise en place d’actions novatrices dans le domaine avec de nombreuses luttes menées pour obtenir les financements pour le logement social, m’amène à partager avec vous l’urgence du débat, la nécessité de répondre aux besoins du logement et de faire d’autres choix pour nos concitoyens.

    Mais nous ne pouvons pas nous contenter d’un simple saupoudrage pour palier les défaillances de ces dernières années. Nous ne pouvons pas attendre que chaque candidat ajoute un paragraphe sur le logement dans son programme sous prétexte que les médias mettent, momentanément, la lumière sur ce thème.

    C’est un combat de longue haleine qui est mené depuis des années par différents acteurs, dont fait partie la fondation Abbé Pierre.

    Il s’agit de porter un autre choix de société : celui du droit pour tous contre celui de préservation des droits des privilégiés, celui du droit à la ville pour tous contre celui de la spéculation qui entraîne l’exclusion.

    C’est pourquoi, j’ai fait le choix de m’engager dans un rassemblement large de forces politiques, associatives et de citoyens : le Front de Gauche. Le Front de Gauche porte sur le fond cette question et propose des solutions concrètes pour un véritable changement : un plan d’urgence nationale pluriannuel de 200 000 logements sociaux par an pendant cinq ans, comprenant un volet spécifique de logements étudiants et pour les jeunes ; un budget du logement à hauteur de 2 % du PIB ; un encadrement des loyers du public et du privé pour atteindre l’objectif que le loyer ne représente pas plus de 20 % des revenus des familles.

    Dans l’espoir que ces quelques éléments livrés à partir de mes expériences locales puissent donner un autre éclairage sur les problèmes du logement, je vous propose de porter ensemble des alternatives, en construisant un front uni pour un véritable changement.

    Je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de ma considération distinguée.

    Jacques BOURGOIN Maire de Gennevilliers - Conseiller Général des Hauts-de-Seine


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  • Des organisations associatives et syndicales réunies dans le Collectif « Pour un Pôle public financier au service des Droits ! » ont adressé un courrier aux candidats à l’élection présidentielle. Elles proposent la création urgente d’un pôle financier public.

    Pour les premiers signataires de cette missive adressée le 1er février aux candidats à l’élection présidentielle par le Collectif « Pour un pôle public financier au service des droits ! », « il y a urgence à ce que la puissance publique se dote d’un instrument lui permettant d’influer directement sur la sphère financière ».
     
    Le texte propose la création d’un pôle financier public « constitué par la mise en réseau d’institutions financières dans lesquelles l’Etat dispose d’une influence certaine, directement ou indirectement, même si les missions de ces établissements ont pu être dévoyées, l’objectif étant de faciliter la complémentarité de leurs interventions dans le cadre d’une cohérence globale ».
    Voici un extrait du texte intitulé : « Pour un Pôle public financier apte à garantir le financement des moyens permettant l’accès de toutes et tous aux droits économiques et sociaux fondamentaux : droit à l’emploi et à un revenu décent, droit à des services publics de proximité et de qualité, droit au logement, droit à la conversion écologique de l’économie, droit à l’inclusion bancaire et financière ».
     
    « Madame, Monsieur la/le candidat(e), Nous avons pris connaissance des propositions que vous formulez, dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle, afin de faire face aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux auxquels est confronté notre pays. Nous savons que celles-ci visent notamment à répondre aux difficultés que rencontre un nombre croissant d’hommes et de femmes, victimes d’une crise provoquée par la cupidité des banques qui ont privilégié les intérêts de leurs actionnaires à ce qui devrait être leur raison d’être, le financement de l’économie et la satisfaction des besoins sociaux.
    Nous tenons toutefois à attirer votre attention sur une dimension particulière de ces difficultés : la crise et les politiques d’austérité auxquelles elle sert de prétexte compromettent l’accès d’une fraction de plus en plus large de la population à un certain nombre de droits fondamentaux constitutifs de notre modèle social. Qu’il s’agisse du droit à l’emploi et à un revenu décent, du droit au logement, du droit à une protection sociale de haut niveau, du droit à des services publics de qualité et de proximité, du droit à un cadre de vie préservé et respectueux de l’avenir de la planète ou du droit à l’inclusion bancaire ....
     

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    Pour l'école de l'égalité

    Depuis plusieurs années déjà, et notamment depuis la loi Fillon de 2005, les attaques contre l’école maternelle et primaire, le collège, le lycée et les universités, contre les enseignants et les postes, sont nombreuses et récurrentes. En  les multipliant et en accélérant le rythme, la politique de Nicolas Sarkozy a réussi, en quatre ans et demi, à mettre à terre le service public d’éducation.

    Rappelons là certaines mesures prises depuis 2007 : remise en cause de la scolarité des 2-3 ans avec la mise en place de jardins d’éveil à la charge des collectivités et des contribuables ; réduction drastique des subventions aux associations d’éducation populaire et aux mouvements d’éducation nouvelle ; criminalisation du traitement de la violence à l’école et plus généralement de la jeunesse ; réduction de l’éducation prioritaire à un repérage des « élèves à risque » ;  fichage des élèves et dénaturation de la statistique scolaire ; sabordage de la formation des enseignants ; renforcement de l’autonomie et de la concurrence des établissements scolaires sur le modèle du management néo-libéral ; dérégulation de la carte scolaire, privilèges et préférences donnés à l'enseignement privé ; attaques contre le savoir et la pédagogie, suppressions de postes, développement de la précarité …


    Sans être exhaustive cette liste illustre de façon accablante la régression considérable et brutale de notre système éducatif. Comme si la coupe n’était pas encore assez pleine, l’UMP propose encore récemment une réhabilitation des filières au collège dans l'unique but de renforcer les logiques ségrégatives et de développer les sorties précoces du système éducatif nous ramenant quelques trois décennies en arrière. Preuve que, sans un coup d’arrêt net à cette politique destructrice de la droite en 2012, d’autres phases de régression sont encore devant nous, comme en témoigne le projet d’évaluation des enseignants portant atteinte à leur professionnalité et instituant un arbitraire et une mise en concurrence des individus.


    Cette politique nous devons la combattre parce qu’elle est injuste, cynique, inefficace et opposée en tous points aux valeurs de justice, de progrès et de libertés défendues par le Front de gauche, par de nombreuses organisations  et par de très nombreux concitoyens. Notre projet rejoint en effet les mobilisations citoyennes et professionnelles qui ont vu le jour sur tout le territoire, pour dire non à cette politique, sans jamais avoir été entendues. Jamais la population n’a marqué un tel rejet car c’est bien la mort du service public d’éducation qui est en jeu. Personne n’est dupe, l’école de la droite c’est celle du chacun pour soi, de l’égoïsme, de la loi du plus fort et du plus riche, écartant une grande partie de la population scolaire du droit à l'éducation et à la poursuite d'études.


    Elle tourne non seulement le dos aux aspirations de la population, mais également à tous les acquis des chercheurs et des pédagogues. Le rôle de la scolarisation en maternelle dans la prévention de l’échec scolaire est incontestable. Une école plus égalitaire  nécessite aujourd'hui de relancer une éducation prioritaire qui soit soutenue par des moyens d’une toute autre ampleur que ces dernières années et qui affirme la capacité de tous les élèves à réussir. Les systèmes scolaires les plus démocratiques sont ceux qui s’abstiennent de toute mise en concurrence des écoles et des familles, qui bannissent le libre choix de l’école, qui misent sur la formation des enseignants et surtout qui investissent dans l’éducation : bref l’inverse de la politique actuelle !


    Contre les orientations prises depuis 2007 les rappels à l’ordre ont été nombreux. Les chercheurs ont analysé les effets délétères des mesures prises : l’aggravation de la ghettoïsation scolaire et de la fragmentation de l’école sont les préludes  à un véritable séisme social. De nombreux rapports provenant des organismes d’État (Cours des comptes, Inspection générale) ont tiré à plusieurs reprises le signal d’alarme, en vain. Les organisations internationales ont également pointé les excès d’élitisme, le désengagement de l’État et l’accroissement inconsidéré des inégalités. La France apparaît en effet aujourd’hui aux yeux du monde comme l’un des pays les plus inégalitaires en matière de scolarité obligatoire. Jamais donc une politique dite éducative n’a fait à ce point l’unanimité contre elle et suscité autant d’indignation collective. L’UMP et le gouvernement actuel peuvent-ils avoir raison contre les concitoyens, la communauté éducative et  la communauté scientifique ?


    Face à ces constats le Front de gauche ne se contente pas de dénoncer : il propose un projet éducatif à la hauteur de la situation, et non un aménagement de l’existant. Le Front de gauche refuse de penser sa politique éducative dans le cadre du budget contraint érigé en dogme par les politiques d’austérité. Son projet  ne résulte pas d’une quelconque « convention-spectacle » ou d’une commission fermée réservée à quelques technocrates ; il résulte d’une réflexion menée avec la population elle-même, au cours des assemblées citoyennes, avec les enseignants, les chercheurs, les mouvements pédagogiques et les réseaux divers. Le projet se veut ouvert et non figé et construit autour d’une idée centrale : l’école de l’égalité. Trop souvent galvaudé et instrumentalisé, ce terme doit retrouver à présent tout son sens.

    L’école de l’égalité c’est avant tout une école humaniste et progressiste, laïque, indépendante des logiques de marché et de l’utilitarisme économique. C’est une école qui renoue avec la culture, la connaissance et les idéaux collectifs. Elle permet à tous les élèves, scolarisés de 3 à 18 ans,  d’acquérir  une culture commune, une qualification reconnue et de s’émanciper.  C’est une école où pas un jeune ne sort sans une qualification.


    C’est une école qui affirme la capacité de tous les élèves à apprendre et réussir, et  la place au centre des politiques éducatives et pédagogiques. Elle donne les moyens à toutes et tous de trouver sa place.  Cette école est résolue à prendre le parti d’une réduction des inégalités et qui abroge les logiques de concurrence et de management en cours.


    C’est une école qui cesse de considérer ses personnels comme un fardeau, mais qui, récusant toute forme d’autoritarisme et s’appuyant sur des professionnels respectés et revalorisés, dotés des moyens de bien faire leur travail, redonne aux enseignants, à tous les personnels éducatifs, aux parents d’élèves  et aux jeunes toute leur place et toute leur légitimité. C’est enfin une école qui traitera de l’urgence absolue de la refonte totale de la formation des enseignants et qui enrayera le cercle vicieux de la désaffection de la profession enseignante produite de toute pièce par le pouvoir actuel.


    L’école de l’égalité s’inscrit dans le projet global du Front de Gauche et nécessite des ruptures radicales avec l’ordre établi.


    Ce projet nécessite une mobilisation de toutes les forces de notre société à la fois pour en débattre, en préciser les grands axes et agir pour les faire aboutir. C'est un instrument essentiel pour répondre aux attentes et aux besoins et contribuer à construire une autre société.


    Construisons l'école de l'égalité ! 12 propositions pour refonder une politique nationale d'éducation.


    1. Tous capables ! Parce que les différences entre les élèves ne sont pas naturelles mais socialement construites, que l’échec scolaire n’est pas une fatalité, l’affirmation de la capacité de tous les élèves à entrer dans les apprentissages scolaires est au fondement du projet éducatif.


    2. L'urgence: un plan de lutte contre les inégalités. L’égalité scolaire implique la gratuité réelle des études pour tous. Des critères nationaux devront être (re)pensés et mis en œuvre pour mettre en place l'école de l'égalité quelles que soient les ressources des collectivités locales. Ainsi, les fonds sociaux et d'aide à la restauration seront rétablis à la hauteur des besoins. Des postes d'assistants sociaux scolaires seront créés. Nous mettrons en place des observatoires des inégalités rassemblant dans les territoires des élus, des parents, l’ensemble des personnels de l’éducation nationale et des élèves à partir du collège ainsi que des personnalités associées.
     
    3. Un service public d'éducation national, pour garantir un même accès à l'éducation sur tout le territoire en éradiquant les logiques de concurrence qui sabordent notre système éducatif. Nous en finirons avec les politique d'autonomie libérale et mettrons un terme à la politique ségrégative de Nicolas Sarkozy en matière de carte scolaire en faisant primer l'intérêt général. Une  sectorisation repensée sera mise en place fondée sur de nouveaux redécoupages, fidèle aux réalités locales, concertée avec tous les acteurs des territoires et encadrée par des observations locaux de la mixité sociale.
     
    4. À formation commune, qualification égale. Nous garantirons le droit à une qualification égale pour ceux qui ont suivi une même formation : défense du cadre national des diplômes, validation de toutes les années d’étude dans les conventions collectives.


    5. Construire une culture commune ambitieuse. Le commun est porté par des valeurs laïques, les mêmes contenus de savoirs pour tous et par les modalités d’apprentissages, qui privilégient l’apprendre ensemble, l’exercice de la pensée et l’autonomie intellectuelle. Les mêmes programmes doivent être enseignés à tous jusqu'à la fin du collège pour que l'orientation dans les différentes voies du lycée, générale, professionnelle ou technologique, soit un vrai choix. Nous développerons les passerelles entre les voies. L'investissement de l'État dans l'enseignement professionnel sera augmenté de 50 % pour que les enseignements techniques professionnels et généraux soient d'égale qualité. Parce qu'il faut du temps pour apprendre à tous des savoirs plus complexes, la scolarité obligatoire sera portée à 18 ans.
     
    6. Défendre et transformer l'école maternelle. L’école maternelle sera obligatoire à partir de 3 ans, accessible dès 2 ans pour les familles qui le souhaitent. Réduction des effectifs et refonte des programmes permettront à tous les enfants, en particulier ceux issus des classes populaires, de devenir élèves.
     
    7. Refonder l'école sur le modèle de l'élève qui n'a que l'école pour apprendre. Les programmes et l'ensemble de l'école devront être refondés sur le modèle de l'élève qui n'a que l'école pour apprendre les savoirs scolaires afin de réduire l’échec scolaire, de donner à tous les clefs pour entrer dans les apprentissages scolaires, s’émanciper, et ce sur tous les champs de la connaissance. Le service public d'éducation nationale devra prendre en charge tous les apprentissages nécessaires pour réussir à l'école : il faut en finir avec la délégation aux familles, aux collectivités locales ou aux cours privés. L'école doit se faire à l'école.


    8. Redonner sens au métier d’enseignant est une priorité. Une nouvelle réforme de la formation des enseignants articulera formation de haut niveau dans la ou les disciplines à enseigner, formation professionnelle et ouverture à la recherche et s'appuiera sur des pré-recrutements. Nous soutiendrons la relance de la recherche en éducation, la formation continue et la création de temps d’échanges pédagogiques, de réflexion et d’élaboration dans les établissements. Nous renégocierons les règles de gestion pour en supprimer tout arbitraire. Le statut de fonctionnaire d'État, garantie de la liberté pédagogique et de l'égale qualité du service public sur tout le territoire, sera renforcé. Il ne saurait être question d'accroître la charge de travail des enseignants ou de diversifier leurs tâches.


    9. Tous les parents ont leur place à l'école. Nous créerons un statut de représentant de parents d’élèves pour permettre à tous les parents de participer à la vie des établissements. Des temps et des lieux aménagés pour les rencontres avec l’équipe éducative devront être mis en place.


    10. Associations éducatives et pédagogiques laïques partenaires de l'école publique (associations complémentaires de l'école, mouvements pédagogiques et d'éducation populaire). Ces associations ont toujours agi avec, dans et autour de l’école. Elles contribuent à la promouvoir, à la rendre plus démocratique et font vivre les valeurs de laïcité et d’éducabilité de tous. Nous proposons de pérenniser leurs financements et promouvoir leur action.


    11. La politique d'éducation doit aussi s'adresser aux jeunes en voie de délinquance ou de déscolarisation. Nous privilégierons la prévention et nous abolirons les lois sécuritaires dérogeant aux principes de l’ordonnance de 1945. Nous travaillerons à la protection des jeunes en créant des structures d’accueil et en formant des personnels éducatifs et judiciaires. Les collectivités locales doivent retrouver les moyens pour aider les travailleurs sociaux et les familles qui demandent l'aide éducative à domicile pour les mineurs comme pour les jeunes majeurs.


    12. Dépenser pour l'école, c'est investir dans l'avenir. Nous stopperons les suppressions de postes et engagerons un plan de recrutement dans l'Éducation nationale sous statut de la Fonction publique d’État rétablissant, notamment, tous les postes supprimés depuis 2007. Dans l'immédiat, nous proposons de porter la part du budget de l’état consacré à l’éducation de 5,6% à 7% du PIB.



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  • Après avoir semé la terreur en Algérie l’OAS, organisation criminelle d’extrême droite, va étendre l’insécurité sur le territoire métropolitain. Les attentats se développent et prennent de l’ampleur en novembre, décembre 1961, en janvier 1962.

    Le 7 février 1962, dix attentats au plastic sont commis par l’OAS suscitant une profonde réprobation dans l’opinion publique.

    Le 8 février 1962, à l’appel des UD CGT Seine et Seine et Oise, de l’Union Régionale CFTC, de l’UNEF, du SGEN, de la FEN de Seine et Oise, une manifestation est organisée avec le soutien du PCF, du PSU, des Jeunesses Communistes, des Jeunesses Socialistes Unifiées de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et du Mouvement de la Paix.

    Cette manifestation pacifique contre les attentats de l’OAS, la complicité du gouvernement et la poursuite de la guerre en Algérie est réprimée avec une violence terrible et meurtrière.

    Neuf syndicalistes tombent sous les coups des forces de police placées sous l’autorité de Papon, Préfet de police et Frey, Ministre de l’intérieur ; des centaines d’autres sont gravement blessés.

    Ainsi, Anne-Claude Godeau, Fanny Dewerpe, Suzanne Martorell, Daniel Fery, Jean-Pierre Bernard, Edouard Lemarchand, Hyppolite Pina, Maurice Pochard et Raymond Wintgens sont lâchement assassinés.

    Le 13 février, un million de Parisiens leur rendant hommage au cours d’obsèques grandioses, de la République au Père Lachaise, élevait une protestation solennelle : paix en Algérie, droit du peuple algérien à son indépendance.

    Le massacre de Charonne s’inscrit dans une période plus large de brutalités policières et de luttes contre la colonisation. La plus sauvage des répressions est marquée par des dates :

    Le 14 juillet 1953, sept manifestants dont 6 algériens sont tués par la police.

    Le 17 octobre 1961, des milliers de manifestants algériens défi lent pacifiquement à Paris, plusieurs centaines seront assassinés par la police de Papon.
    Derrière les auteurs, n’y a-t-il pas des responsables à ce moment là aux plus hauts niveaux de l’Etat ?

    Charonne va constituer un tournant, un basculement de l’opinion publique française qui va aboutir le 19 mars 1962 à la fin de la guerre et au 1er juillet 1962 à la proclamation de l’indépendance de l’Algérie.

    En donnant leurs vies pour la justice, la liberté et la paix ces militants ont oeuvré pour que vivent toutes les valeurs du progrès social d’antiracisme, de solidarité.

    Celles-ci sont pleinement d’actualité au moment où tant de peuples se révoltent et cherchent des voies nouvelles pour la démocratie et la coopération internationale, au moment où l’extrême droite en France et en Europe relève la tête de façon inquiétante.

    En une période où le besoin d’histoire est si prégnant dans la société française, où est revendiquée une exigence de vérité, il n’est pas inutile de se souvenir, de s’indigner et d’agir.

    Se souvenir pour honorer la mémoire de ses hommes et femmes, faisant le choix de surmonter leur peur pour refuser le colonialisme et proclamer leur attachement à la démocratie.

    Agir pour exiger justice et vérité, reconnaissance par les plus hautes autorités de la France de ces crimes commis par l’Etat que furent le 17 octobre 1961 et Charonne le 8 février 1962.

     

    Organisations signataires

    Comité Vérité et Justice pour Charonne - Union Régionale CGT Île-de-France - Fédération Syndicale Unitaire - Parti Communiste Français - ACCA (Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui) ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants) - FNACA Paris (Fédération Nationale des Anciens Combattants d’Algérie - Paris) - UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide) - AACCE ( Association des Amis de la Commission Centrale de l’Enfance) - ANPROMEVO (Association Nationale pour la Protection de la Mémoire des Victimes de l’OAS) - Institut d’Histoire Sociale CGT Île-de-France - Mouvement Jeunes Communistes de France - CGT RATP - UNEF (Union Nationale des Étudiants de France) - Les amis de Max Marchand, Mouloud Feraoun et leurs compagnons ....


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