• Un mea culpa hypocrite de Sarkozy

    Un mea culpa hypocrite de Sarkozy

    "Je le ferai plus m'sieur ! C'est juré !" Un journaliste un tant soit peu honnête aurait demandé à Sarkozy pourquoi il se met aujourd'hui à rabâcher ses engagements de 2007 et de 2008 sur la valorisation du travail et la moralisation du capitalisme alors qu'il a fait tout le contraire avant son mandat, comme ministre des finances de Chirac, et depuis son élection en 2007 ?

    Hier soir, sur France 2, face à un Pujadas toujours aussi mielleux avec le Président, Nicolas Sarkozy nous a ressorti le pipot de 2007 sur la valorisation du travail... face à l'assistanat.

    La campagne 2012 repart donc avec les mêmes idées de 2007, complétées du traditionnel discours qui tente d'opposer "ceux qui travaillent" à "ceux qui bénéficient d'aides sociales mais ne branlent rien". En gros.

    C'est ainsi qu'il veut réformer la prime pour l'emploi, dont bénéficient tout de même 6 millions de français, dans le but d'alléger les charges de 7 millions de Français bénéficiaires de bas salaires allant jusqu'à 1,2 fois le Smic "pour augmenter leur salaire d'un peu moins de 1.000 euros par an", selon ses estimations. Il faut que "le travail soit davantage rémunéré que l'assistanat", a-t-il plaidé, ajoutant que cette proposition "ne dégradera pas le déficit".

    Il s'agit là d'une nouvelle fausse bonne idée : si on lit bien, cette prime pour l'emploi qui est payée par l'Etat donc par le contribuable, servira à alléger les charges salariales des bas salaires : en clair, Sarkozy veut à nouveau exonérer les entreprises de charges sociales ! Un nouveau cadeau au patronat que prendra en charge l'impôt donc le contribuable ! Encore un peu de déficit de la Sécu et des caisses de retraite qui viendront justifier de nouveaux reculs de remboursement de soins et des reculs des pensions !

    Et ce soit-disant surplus de revenus pour les salariés ne compense en rien les hausses de TVA enregistrées en janvier (TVA réduite augmentée de 5,5 % à 7 %) et la future TVA sociale !

    Dans la veine du référendum pour imposer une formation aux chômeurs, le voilà qui veut imposer aux titulaires du revenu de solidarité active (RSA), 7 heures de travaux d'intérêt général rémunérés par semaine. C'est ce que font les chômeurs allemands pour des salaires de 1 € de l'heure contre 9 € pour le SMIC ! Vous allez voir que les entreprises vont soudain se rendre compte qu'elles vouent une passion aux précaires !... aux détriments de contrats classiques, mieux rémunérés.

    Derrière son discours contre "l'assistanat", c'est surtout l'idée de pouvoir tirer vers le bas la rémunération du travail qui se cache. Il dit d'ailleurs que "la réponse à la crise, c'est valoriser le travail". Ainsi, selon Sarkozy, s'il y a une crise et des chômeurs, c'est que le travail n'est pas "valorisé" ? Mais valorisé par rapport à quoi ? Par rapport à l'assistanat bien sûr !

    Jamais Sarkozy ne parle des bénéfices énormes qu'accumulent les entreprises côtées en Bourse et les 31 % d'augmentation de revenus des patrons des 120 plus grandes entreprises de France en 2011 !

    Là aussi, il s'agit d'un contre feu pour faire passer les chômeurs et bénéficiaires d'aides sociales pour des assistés responsables de leur situation. De cette façon, il détourne l'attention de ceux qui craignent pour leur avenir en leu indiquant qu'ils peuvent échapper à la déchéance sociale si, eux, refusent l'assistanat.

    Monter les salariés ayant un emploi contre ceux qui n'en ont pas, c'est une manière de dédouaner le système économique capitaliste, sa dérive financière, les licenciements massifs et les délocalisations.

    Non messieurs Sarkozy et Pujadas ! Les chômeurs, précaires et exclus de la société ne sont pas responsables de la crise et de leurs difficultés !

    Si on veut revaloriser le travail, il faut d'abord revaloriser les salaires et, ensuite, arrêter de parler des salariés comme d'un coût !

    • Les communistes et le Front de Gauche veulent progressivement augmenter le salaire minimum, le SMIC, à 1 700 € net pour tirer vers le haut les grilles salariales.
    • Nous proposons d'encadrer les salaires dans les entreprises en limitant l'écart entre les plus hauts salaires et les plus bas salaires. Personne ne pourra gagner plus de vingt fois ce que gagne un de ses collègues !
    • Nous voulons revenir au Contrat à Durée Indédéterminé comme contrat de travail de référence. Les 850 000 précaires de la Fonction Publique, dans les hôpitaux et les écoles notamment, seront à ce titre titularisés.

    On se souvient aussi du Sarkozy grand pourfendeur des dérives du capitalisme et de la finance en pleine crise de 2008 ! Lui qui voulait "moraliser le capitalisme" a reconnu son échec total. Pour notre part, il s'agissait plutôt d'un discours de circonstance, alors que la mobilisation sociale grandissait partout dans le monde contre les conséquences de la crise financière ! Il n'a jamais eu l'intention de faire quoi que ce soit.

    A la veille d'une élection qui s'annonce difficile pour lui, le voilà qui ressort son discours antipatronal. Il annonce que "les rémunérations des plus hauts dirigeants devront être votées non pas par les conseils d'administration, où en général il y a beaucoup d'amis, mais par l'assemblée générale des actionnaires", rendues publiques et fixées par un comité des rémunérations où les salariés de l'entreprise auront désormais un représentant (sur combien de membres ?). En outre, leurs retraites "chapeau" et autres "parachutes dorés" seront interdits.

    En dehors du fait qu'il s'agit de promesses, comme celles sur la moralisation du capitalisme ou les traders, pourquoi n'a t-il rien fait ces dix dernières années ?

    Nicolas Sarkozy a par ailleurs pour la première fois concédé s'être trompé en fêtant sa victoire de 2007 au Fouquet's, le restaurant chic des Champs-Elysées. "Si c'était à refaire, je ne referais... ne reviendrais pas dans ce restaurant puisque que ça été vraiment le feuilleton", a t-il déclaré en buttant sur les mots. Le choix du verbe est important car ne pas"refaire" a été remplacé par l'idée de ne pas "revenir" au Fouquet's, ce qui n'est pas la même chose ! Peut-être ira t-il dans un autre grand restaurant avec ses riches amis s'il est réélu le 6 mai prochain ?...

    L'apparition de Nicolas Sarkozy hier a été une grande opération de communication, un grand camouflage de 5 ans de présidence auquel le présentateur de France 2 s'est prêté de bonne grâce.

    Nicolas Sarkozy veut-il nous faire croire qu'il a changé ? A nouveau ?

    En représentant des classes privilégiées, de celles du Fouquet's qui ont échappé à la crise et à qui il a offert le bouclier fiscal, l'allègement de l'ISF, les lois TEPA, la suppression de la taxe professionnelle et un certain nombre d'entreprises publiques, Nicolas Sarkozy sait qu'il doit faire des promesses qu'il ne tiendra pas s'il veut être réélu.

    Il fait des promesses et manipule en même temps un discours de division entre travailleurs, meilleur moyen d'empêcher une prise de conscience collective de la nécessité de lutter, tous ensemble, contre ce capitalisme qui nous impose depuis les années 80 des régressions sociales toujours plus importantes.

    La France va mal. Elle a perdu beaucoup d'emplois industriels. Les services publics sont liquidés, en régression. La misère grandit avec le chômage et la précarité. L'avenir est sombre pour nos jeunes.

    Ce triste bilan, ce ne sont pas d 'autres travailleurs qui en sont responsables, qu'ils soient arabes ou noirs, qu'ils soient jeunes ou vieux, qu'ils soient du public ou du privé, qu'ils soient au chômage ou dans l'exclusion !

    Pour savoir qui est responsable, il faut regarder qui a profité du crime !

    En trente ans, les entreprises ont explosé leurs bénéfices, bénéficient de milliards d'euros d'allègements sociaux, multiplient les emplois précaires sous payés, délocalisent. Derrière, ce sont quelques milliers de grands actionnaires qui ont vu augmenter de manière démentielle leurs patrimoines et leurs revenus.

    Sarkozy aura beau tenter de mettre les immigrés, les chômeurs et les bénéficiaires du RSA sur le devant de la scène, en accusation, nous continuerons de montrer du doigt ses amis, ceux du Fouquet's, ceux du yacht Bolloré, qui ménent la barque de l'économie mondiale et sont responsables d'une mondialisation capitaliste qui pille le monde pour leurs intérêts égoïstes.


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