• Discours de Melenchon à la Bastille

    Discours de Melenchon à la Bastille

    Et où on était passé ? Où on était disparu tout ce temps ?

    On se manquait, on s’espérait ...

    On s’est retrouvé !

    Génie de la Bastille qui culmine sur cette place, nous voici de retour, le peuple des révolutions et des rébellions en France.
     Nous somme le drapeau rouge ... et le rouge du drapeau.
     Nous somme la main ouverte, offerte pour la solidarité, et qui donne de la force en serrant les doigts pour communiquer son énergie.

    Nous nous sommes rassemblés parce que nous allons faire de cette élection une « insurrection civique » qui va, en se donnant d’abord rendez-vous dans les urnes, commencer ce jour là, la révolution citoyenne qu’il est nécessaire d’accomplir pour changer en profondeur la vie du peuple qui patit, et ouvrir la brèche qu’attend toute l’Europe de son volcan français.

    Oui ça se voit, ça se sent, ça se sait ! le printemps est pour dans 3 jours, et chaque matin qui se lève, la lumière étend son domaine dans la journée, la nuit se replie.

    Vienne le temps des cerises et des jours heureux !

    Tel est notre premier message, ici, pour tous ceux qui nous entendent et nous écoutent, sur cette place, dans les rues adjacentes d’où l’on ne peut avancer, et dans chaque foyer où l’on nous regarde, ici en France métropolitaine et outre-mer ; et partout en Europe, et partout où l’on parle français, où l’on rêve français, parce qu’on attend de lui ce grand mouvements qui ne libérera pas seulement ce que nous sommes, mais partout où il y a des servitudes.

    Nous adressons notre salut fraternel et notre solidarité au peuple grec qui pâtit, aux Espagnols, aux Portugais, aux Italiens, à tous ceux qui ont pour l’instant sur leur tête, le poids de l’oppression venue de l’abjecte troïka qui a décidé dorénavant de contrôler chaque peuple, et à qui, parait il, il faudrait demander l’autorisation de disposer librement de nous.

    Ici sur cette place, nous faisons le serment que si c’est nous qui sommes appelés à reconstruire la règle du jeu de notre pays en convoquant la constituante qui est nécessaire, alors, plus jamais une seule délégation de souveraineté du peuple ne sera jamais opérée sans qu’il ait été auparavant consulté par voie de référendum.

    La souveraineté du peuple, telle est la grande question qui dorénavant va occuper toute l’Europe qui se voit une nouvelle fois engagée dans une entreprise qui commet la même erreur qu’aux précédentes saisons de l’histoire ; c’est qu’on la construit sans les peuples et sans la démocratie.

    Alors pour commencer cet immense chantier, d’abord chez nous en France, nous somme venus au bon endroit, à la bonne date.

     Le bon endroit, ici, où a été juré une première fois le serment de se rassembler pour empêcher, par tous les moyens dont nous disposons, les fachistes de s’emparer de la patrie.

     Cette place où a été en 1935 rassemblée cette manifestation féministe qui déjà voulait briser les chaînes du patriarcat en demandant que le suffrage soit réellement universel.

     Cette place où a été brûlé le dernier trône des rois.

     Cette place où tout commence toujours, et qui est le point de départ de toutes nos révolutions, et d’abord de la première, celle qui se fit en 1789 en abattant la citadelle des tyrans, celle qui se fit avec des mots et des principes si grands qu’ils rendaient possibles ce fait que depuis, il est possible d’être français où que l’on soit dans le monde, et ici même en France, que ses parents l’aient été ou non, du moment qu’on s’accorde pour dire et reconnaitre comme égal, quiconque comme nous dit « liberté, égalité, fraternité ».

    Nous somme à la bonne date le 18 mars, commencement de la grande et glorieuse commune de Paris. Voici parmi nous l’ombre d’une femme, Louise Michel, à qui nous nous dédions. Voici que nous répondons à notre tour à l’appel de Jules Vallès et du cri du peuple qui concluait l’appel à la première insurrection par ces mots : place au peuple, place à la commune, et nous ne disons rien d’autre encore aujourd’hui.

    A la bonne date, 50 ans après la fin des combats en Algérie, je déclare au nom du peuple ici rassemblé : Oui la guerre est finie ! et nous ne permettrons pas qu’on la recommence ici. Nous somme une même famille, peuple du Maghreb, peuple des nations arabes, berbères, et nous peuple français, après le silence des armes nous devons à nos enfants la paix des coeurs.

    Peuple français, médite à cette occasion, la terrible leçon de ton histoire, là ou n’a plus cours l’égalité humaine, là où n’a plus cours la liberté totale des consciences et des droits politiques, là où n’a pas cours la fraternité, alors la France n’est plus possible.

    C’est pourquoi il nous faut aujourd’hui, dans cette France défigurée par les inégalités sociales, territoriales, culturelles, entre femmes et hommes, tourner la page une nouvelle fois de l’ancien régime, commencer un nouveau chapitre qui permettra comme c’est notre tradition, divers que nous sommes, en refondant la République de refonder la France elle-même, et en refondant tous ensemble la République de nous re-constituer comme un peuple uni, libre, fraternel et égal.

    Et nous commencerons par où il faut commencer, c’est-à-dire qu’en convoquant cette constituante nous commencerons la première de toutes les égalités qu’il est indispensable de constituer, la parité.

    Cette constituante devra être strictement paritaire et ainsi commencera la marche de l’égalité.

    L’égalité par quoi tout commence en France, l’égalité qui nous conduira à proclamer la fin des privilèges du capital, l’établissement de la citoyenneté en entreprise, corrigeant ce qui n’avait pas été achevé, quand, comme l’a dit Jean Jaurès, « la grande révolution a rendu les français rois dans la cité et les a laissé serfs dans l’entreprise ».

    Ces droits nouveaux des travailleurs, les droits de veto, le droit de préemption sur la propriété du capital à la portée des travailleurs qui se constitueraient en coopérative ouvrière ; le droit de réquisition par la patrie, lorsqu’un bien est réputé commun, c’est nous qui inscrirons ce droit nouveau qu’il y a une propriété collective humaine des biens de base tels que l’eau et l’énergie.

    C’est nous qui donnerons toute sa place à la dignité de l’amour humain en étendant a tous les couples les droits qui s’attachent aujourd’hui aux couples hétérosexuels.

    Liberté !

    Liberté !

    C’est elle que nous voulons faire cheminer par la route de l’égalité.

    Liberté !

    Il faut que les droits de la personne humaine entrent dans cette constitution, et le premier d’entre tous, le droit de disposer de soi, sans entrave aucune.

     C’est nous qui mettrons, pour que plus personne ne soit tenté d’y toucher quand les menaces s’accumulent comme nous le voyons en ce moment, c’est nous qui mettrons dans notre constitution le droit à l’avortement qui reconnait à chacune le droit de disposer d’elle même, son corps n’étant la propriété de personne.

     C’est nous qui mettrons dans notre constitution le droit de décider de sa propre fin et d’être assisté lorsqu’on en décide.

     C’est nous qui installerons et confirmerons la liberté de conscience la plus absolue, et qui pour cela déciderons que la laïcité déjà inscrite dans la constitution sera étendue, sans aucune exception, à tous les territoires de la République, c’est-à-dire que le concordat sera abrogé et le bénéfice de la loi de 1905 étendu à toutes les terres françaises, la Polynésie, la Guyane, Wallis et Futuna, la Nouvelle-Calédonie aussi bien qu’en Alsace et en Moselle.

     C’est nous qui étendrons les territoires de la liberté là où l’inventivité humaine et son génie a créé de nouveaux espaces.

     C’est nous qui dirons que la liberté sur la toile est inaliénable et qu’il ne sera plus jamais permis de faire hadopi.

     C’est nous qui interdirons, fondant en cela un principe nouveau, qui interdiront une fois et pour toujours que le vivant soit breveté et qu’il y ait une propriété privée de l’existence elle-même.

     C’est nous qui libérerons une bonne fois la justice en faisant en sorte que son indépendance dorénavant ne soit plus garantie par un homme, surtout après avoir vu l’usage qu’il a été fait de cette garantie par le passé. Dorénavant nous placerons l’indépendance de la justice sous la protection et l’attention du parlement lui-même.

    France d’égalité de liberté, tu te dois d’être la patrie de la fraternité, et des devoirs humains totalement accomplis.

    Nous dans notre constitution nous regarderons tous les enfants qui nous sont donnés d’un même oeil.

    En France, dorénavant, nait sur la terre de France, français ! Droit du sol intégral, tel est le premier devoir de fraternité humaine.

    Et en voici un autre nouveau qu’il s’agit d’assumer. Nous somme nous co- responsables de l’éco système dans lequel vivent tous les êtres humains , et sans lequel pas un seul d’entre eux ne peut vivre ni mener quelque querelle politique que ce soit.

    C’est pourquoi nous accomplirons notre devoir à l’égard de l’humanité universelle.

    Nous proclamerons que les Français s’astreignent par leur constitution à s’acquitter de leurs devoirs en éteignant la dette écologique, et que, plutôt que leur fichue règle d’or qui ne concerne que leurs portefeuilles, nous appliquerons la règle verte qui concerne la planète.

    Oui notre rassemblement commence une insurrection !

    Le peuple, qui s’était dissout dans l’abstention, dans le refus d’obtempérer aux injonctions des petits « je sais tout », aux mauvais qui leur donnent des conseils et qui, quand c’est leur honneur et leur devoir de porter leur parole quand les Français disent non, s’en vont ensuite dire que nous aurions dit oui !

    Ceux qui nous ont trahi, notre premier devoir pour commencer notre chemin est de nous en débarrasser.

    Telle est la premiere tache que doit accomplir notre insurrection, si elle veut pouvoir ensuite se donner le grand rendez vous de la révolution citoyenne.

    Machado, le poète, a dit « le chemin se fait en marchant ».

    Cette marche nous l’avons commencé depuis la Nation pour se retrouver ici à Bastille, pour une étape dont nous continuerons la trajectoire bientôt, de la Bastille des révolutions jusqu’à la place de la 6e République.

    Nous sommes le cri du peuple, des ouvrières et des ouvriers précarisés, méprisés, humiliés, abandonnés.

    Nous sommes le cri du peuple, celui de la femme qui met au monde un enfant dans un camp de rétention.

    Nous sommes le cri du peuple, celui de l’enfant qui n’a pas de toit et qui n’a pas d’instituteur quand il va à l’école.

    Nous sommes le cri du peuple de tout ceux qui, prêts à apporter le concours de leur intelligence, de leur créativité, qui parfois menant bonne vie, refusent d’appliquer la morale de l’égoïsme qui dit profites et tais toi !

    Je vous appelle à commencer ce printemps des peuples.

    Ouvrez en France par vos bulletins de vote la brèche par laquelle ensuite passera le vote des grecs, puis en octobre prochain celui de nos camarades allemands qui souffrent des merveilles du prétendu modèle libéral.

    Voici le printemps !

    Faites votre devoir en accourant à la rescousse partout où les luttes ouvrières vous appellent.

    Faites votre devoir en vous découvrant les uns des autres, mettez à la mode la couleur rouge, prenez les places et les rues de la République comme vous le pourrez dans chaque ville et chaque village de France !

    Et vous autres, à Toulouse sur le Capitole, à Marseille au Prado, organisez la réplique du 18 mars à la Bastille. Assemblez-vous par milliers, vous souvenant de l’appel sacré que vous ont adressé ceux qui vous ont précédé dans cette lutte, inscrivant dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 :

    « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des devoirs et le plus indispensable des devoirs » .

    Vive l’Humanité Universelle

    Vive la France

    Vive la République

    Vive la Sociale "


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